Nécrologie de Hélène Carrère d'Encausse
Mort d’Hélène Carrère d’Encausse : l’historienne, et première femme à prendre la tête de l’Académie française, est décédée samedi 5 août 2023, à Paris. Ses enfants ont annoncé le décès dans un communiqué à l’AFP : « Elle s’est éteinte paisiblement entourée de sa famille ». Un hommage national aux Invalides devrait lui être rendu « avant la fin de l’été », précise l’Élysée.
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Historienne, grande spécialiste de la Russie tsariste et soviétique
Hélène Carrère d'Encausse est née à Paris le 6 juillet 1929. Son père Georges Zourabichvili est un économiste et philosophe géorgien émigré en France. Durant l’Occupation, il travaille comme interprète pour les Allemands, ce qui, à la Libération, lui coûtera la vie ; il disparaît en octobre 1944, probablement assassiné. Très jeune, elle apprend à la fois le français et le russe, s’intéresse également à ces littératures. Née apatride, elle obtient la nationalité française en 1950, à l’âge de 21 ans. Deux ans plus tard, elle épouse Louis Carrère (dit Carrère d’Encausse) ; le couple aura trois enfants : Emmanuel (écrivain et auteur notamment de « Limonov » ou « Yoga »), Nathalie et Marina.
Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris et docteur ès lettres, Hélène Carrère d’Encausse enseigne l’histoire à la Sorbonne avant de transférer sa chaire professorale à Sciences Po, puis au collège d'Europe de Bruges. Durant sa carrière, elle est professeur invité dans plusieurs universités étrangères, notamment en Amérique du Nord et au Japon. Elle est même nommée docteur « honoris causa » des universités canadiennes de Laval et de Montréal, ainsi que de Louvain et de Bucarest.
Son histoire familiale la prédispose à devenir une spécialiste de la Russie. Elle compte parmi ses ancêtres des serviteurs de l’Empire et des esprits contestataires. Hélène Carrère d'Encausse est ainsi l’auteur de plusieurs biographies, par lesquelles nous pouvons citer celle de Lénine, de Staline ou encore celle de Catherine II. En 1978, elle publie « L’Empire éclaté », ouvrage qui prédit la fin de l’URSS et pour lequel elle reçoit le prix Aujourd’hui.
En décembre 1990, elle est élue à l’Académie française et prend le fauteuil n°14, celui de Jean Mistler. Neuf ans plus tard, la voilà nommée « secrétaire perpétuel » : elle est la première femme à être à la tête de l’institution.
Ses engagements politiques
Hélène Carrère d'Encausse mène également une carrière politique : présidente de Radio Sorbonne (1984 – 1987), membre de la Commission des sages pour la réforme du Code de la nationalité (1986 – 1987), membre du Comité de soutien à la candidature présidentielle de Raymond Barre (1988), présidente du Comité national pour le « oui » à Maastricht (1992)… En 1994, elle est élue au Parlement européen et sera, durant son mandat, la vice-présidente de la commission des Affaires étrangères et de la Défense. En 1998, elle est nommée membre du Conseil national pour un nouveau développement des sciences humaines et sociales. Puis, en 2004, elle devient la présidente de l’Observatoire statistique de l’immigration et de l’intégration.
Les hommages à Hélène Carrère d'Encausse
Dès l’annonce de son décès, les hommages et témoignages sont nombreux :
Le romancier Jean-Marie Rouart salue « une femme amusante qui était vraiment d'une curiosité encyclopédique ».
L'ancien ministre de la Culture Jack Lang la présente comme « une grande dame, une femme qui a donné à l'Académie française et à la culture française un éclat, un prestige, une élégance et un rayonnement incontestable ».
Dans un post sur Twitter, l’actuelle Première ministre Élisabeth Borne évoque « une historienne habitée par la passion de la vérité. Femme engagée et grande écrivaine, elle a puisé dans ses racines un témoignage littéraire incontournable sur la Russie et l’URSS ».