Nécrologie de Élisabeth II

La reine Élisabeth II est décédée jeudi 8 août 2022, dans son château de Balmoral. De tous les souverains qui ont succédé au trône, elle détenait la longévité de règne. Elle avait célébré son jubilé de platine : 70 ans de règne, en février dernier. Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, mais aussi de quatorze États souverains (royaumes du Commonwealth), Élisabeth II bénéficiait d’une popularité exceptionnelle au sein de la population britannique. Elle avait 96 ans.

Élisabeth II

Élisabeth II, de sa jeunesse jusqu’à l’ascension au trône

Élisabeth II, de son nom de naissance Elizabeth Alexandra Mary, est née le 21 avril 1926 à Londres. Elle est de la Maison Windsor et ses prédicats et titres complets sont « Son Altesse Royale la princesse Élisabeth d’York ».

Sa jeunesse se déroule sur le front de la Seconde Guerre mondiale. Avec son sens aigu du devoir, du haut de ses 14 ans, elle participe à une émission radio destinée aux enfants, où elle prononce sa première allocution. Elle participe également à la propagande alliée et effectue sa première apparition publique à 16 ans, lors de l’inspection des Grenardier Guards. Dès qu’elle atteint l’âge requis, en 1942, elle s’enrôle au sein de l’Auxiliary Territorial Service, la branche féminine de la British Army, constituée de femmes volontaires. Elle y reçoit des cours de conduite et de mécanique, et devient ambulancière et mécanicienne. Elle y officie sous le matricule 230873 et est nommée colonel en chef. En 1945, elle est promue au rang de capitaine honoraire.

Au cours de son premier voyage à l’étranger en Afrique Australe avec ses parents, elle tient un discours et fait la promesse de consacrer sa vie au service du Commonwealth et de la famille royale.

Elle se marie avec le prince Philippe de Grèce et de Danemark en novembre 1947, à l’abbaye de Westminster. Elle donne naissance à leur premier enfant, Charles, l’année suivante. Au début des années 1950, alors que la santé de son père, le Roi Georges VI, se détériore, Élisabeth le remplace à des cérémonies publiques et pour les visites officielles. Il décède en 1952, alors qu’Élisabeth et Philippe viennent d’effectuer une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle accède alors au trône en choisissant elle-même son nom de règne. Le 2 juin 1953, âgée de 25 ans, elle est proclamée reine dans tous ses royaumes sous le nom d’Élisabeth II. Elle déménage alors au palais de Buckingham.

Le 2 juin 1953, âgée de 25 ans, elle est proclamée reine dans tous ses royaumes sous le nom d’Élisabeth II.

Élisabeth II : 70 ans de règne

Les 20 premières années de son règne sont marquées par deux faits majeurs sur le plan politique et économique. Il s’agit de la guerre froide et des Trente Glorieuses. Elle entame son règne par un tour du monde de six mois, entre 1953 et 1954. Deux ans plus tard, la tentative du Royaume-Uni et de la France pour reprendre le contrôle du canal de Suez se solde par un échec. Entre 1960 et 1970, on assiste à une accélération de la décolonisation et 20 pays obtiennent ainsi une plus grande autonomie. C’est ainsi que l’Empire britannique se transforme en Commonwealth Nations. Vivement critiquée sur ses choix de premiers ministres, un nouveau mode de désignation, n’incombant plus la reine, est voté par les conservateurs en 1965. C’est pendant cette période qu’elle donne naissance à ses trois autres enfants : Anne, Andrew et Edward.

Les années 1970 et 1980 sont marquées par une récession économique à la suite des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Le royaume fait son entrée dans la CEE (Communauté économique Européenne) le 1er janvier 1973 par une sanction royale le 17 octobre 1972. Elle vit une crise gouvernementale en 1974 qui nécessite un gouvernement de coalition. Le premier ministre Edward Heath démissionne et la reine demande alors au chef de l’opposition de constituer un gouvernement. Lorsque l’Australie connait une crise constitutionnelle en 1975, le refus de la reine d’annuler le limogeage du Premier ministre australien alimente les sentiments républicains des Australiens.

Élisabeth II est victime de deux attentats : le premier lors de la cérémonie de mariage de son fils Charles (1981) et le second dans sa chambre au palais de Buckingham. En 1982, s’effectue la dissolution des liens constitutionnels avec le Canada, tout en maintenant la monarchie. Ainsi, malgré cette indépendance, la reine demeure le chef d’État du Canada. La même année, la guerre de Malouines éclate et se conclut finalement par un cessez-le-feu. Le Royaume-Uni affirme ainsi sa souveraineté sur ces territoires. Lorsqu’en 1987, un coup d’État éclate aux Îles Fidji, la monarchie britannique y est abolie. Le Royaume-Uni fait partie des 35 pays qui forment la coalition dans la guerre du Golfe (1990-1991).

La période 1970-1990 est marquée par le gouvernement Margaret Thatcher, première femme au poste de Premier ministre britannique. La relation entre les deux femmes est tendue, notamment à cause du plan économique de Thatcher. Selon la reine, celui-ci est la cause des émeutes de 1981, dont la grève des mineurs. L’absence de sanction du régime de l’Apartheid est également un sujet de discorde. Mais, selon l’ancien Premier ministre canadien, Brian Mulroney, Élisabeth II est pour beaucoup dans son abolition.

Le début des années 1990 est assez houleux pour la monarchie et, en particulier, l’année 1992, que la reine Élisabeth II qualifie de « annus horribilis » : le divorce de ses deux enfants (Anne et Andrew), l’incendie du château de Windsor, la réduction de la liste civile et l’obligation de payer des impôts sur le revenu pour la monarchie (instituée par le premier ministre John Major). C’est ce dernier qui signe le traité de Maastricht appuyé par une sanction royale de la reine en 1993. Au mois de décembre 1995, la reine envoie une lettre à Charles et Diana leur signifiant son accord pour leur divorce. Le gouvernement de Tony Blair réussit à apaiser les relations entre la Couronne et l’Irlande du Nord. C’est ainsi qu’en 2011, la reine Élisabeth II effectue la première visite officielle d’un monarque britannique dans ce pays. Sa dernière visite dans les royaumes du Commonwealth en Australie date de la même année. Depuis, c’est son fils Charles qui, de plus en plus souvent, assure ses engagements publics.

En 2016, Élisabeth II confirme par sanction royale la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, le Brexit, et officialisé le 31 janvier 2020.

Élisabeth II révolutionne la monarchie en acceptant le mariage de ses descendants avec des personnes qui ne font pas partie de l’aristocratie. C’est le cas de ses petits-fils William en 2011 et Harry en 2018.

Tout au long de ses 70 ans de règne, la reine Élisabeth II a effectué 170 visites dans les États du Commonwealth et près d’une centaine dans les États n’en faisant pas partie. Elle n’a jamais perdu sa popularité auprès de ses sujets et les critiques portaient plus sur l’institution monarchique et sa famille que sur ses actions et son propre comportement. Elle a tenu sa promesse de servir ses sujets et la monarchie.

Les hommages à la reine Élisabeth II

Dès l’annonce du décès de la reine Elisabeth II par la famille royale, à 19h30, les réactions ont afflué pour lui rendre hommage.

Son fils, le nouveau roi Charles III, a déclaré dans un communiqué : « Le décès de ma mère bien-aimée, Sa Majesté la Reine, est un moment de très grande tristesse pour moi et tous les membres de ma famille. Nous pleurons profondément la disparition d’une souveraine chérie et d’une mère bien aimée. Je sais que sa perte sera profondément ressentie dans tout le pays, les royaumes et le Commonwealth, ainsi que par d’innombrables personnes dans le monde entier ».

Justin Trudeau dira ces quelques mots : « C’est avec le cœur lourd que nous avons appris le décès de la plus longue souveraine du Canada, Sa Majesté la reine Elizabeth II. Elle était une présence constante dans nos vies – et son service aux Canadiens restera à jamais une partie importante de l’histoire de notre pays. »

Emmanuel Macron a réagi sur Twitter à la mort de la reine d’Angleterre : « Sa Majesté la Reine Elizabeth II a incarné la continuité et l’unité de la nation britannique plus de 70 ans durant. Je garde le souvenir d’une amie de la France, une reine de cœur qui a marqué à jamais son pays et son siècle. »