Nécrologie de Zeev Sternhell

On le connaît pour ses travaux sur l’origine du fascisme, mais aussi pour son esprit pacifiste

Zeev Sternhell

Zeev Sternhell, son parcours de vie

D’origine polonaise et de famille juive, Zeev Sternhell est né le 10 avril 1935 à Przemysl. Alors que son père enrôlé dans l’armée polonaise meurt au début de la Seconde Guerre mondiale, sa mère, sa sœur et lui se cachent dans un ghetto. Zeev Sternhell arrive à s’échapper avec son oncle. Ils se réfugient alors dans le Lwow. À partir de là, il ne reverra plus jamais sa mère et sa sœur. Hébergé par des familles catholiques, il eut ainsi la vie sauve.

En 1946, il est envoyé chez un de ses oncles, à Avignon. Il y poursuit ses études au lycée Frédéric-Mistral avant de s’installer, en 1951, en Israël. Là, il s’engage au sein de la brigade Golani. Il prend alors part à la guerre de Suez (1956). Diplômé de l’université hébraïque de Jérusalem, il est nommé assistant en 1960. Au cours de cette décennie, il devient le directeur de l’université d’Addis Abeba à la demande de l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié Ier.

Il était le lauréat du prix Israël en 2008 et a été fait chevalier des Arts et Lettres en 1991

Zeev Sternhell, ses premiers combats

Ayant obtenu une bourse, il poursuit alors des études à Paris. Il soutient sa thèse sur Maurice Barrès à l’Institut d’études politiques de Paris. En 1981, il est nommé professeur et directeur de département de l’université hébraïque de Jérusalem. Il va alors consacrer ses travaux sur l’origine du fascisme. Entre temps, il sera militaire israélien réserviste aux guerres des Six-Jours (1967), du Kippour (1973) et du Liban (1982). Engagé à gauche et pacifique dans l’âme, il est l’un des fondateurs du mouvement israélien, une ONG « La paix maintenant » (Shalom Akhchav). Zeev Sternhell milite pour un compromis de paix avec les Palestiniens. Toute sa vie, il n’a jamais dévié de sa ligne de conduite : « Pour la paix, contre l’occupation, contre le racisme ». Il était un membre de l’académie israélienne des sciences des lettres et de l’académie américaine des arts et des sciences.

Zeev Sternhell, ses œuvres

Zeev Sternhell était un chroniqueur éditorial de longue date pour le quotidien « Haaretz ». Sa première publication portait sur son sujet de thèse, édité en 1972 et réédité en 2016, sous le titre « Maurice Barrès et le nationalisme français ». Il a consacré ses travaux sur l’origine du fascisme qu’il affirmait être française. C’est ainsi qu’il a sorti des essais et des ouvrages sur le sujet : « La Droite révolutionnaire, 1885-1914 : les origines françaises du fascisme » en 2000, « Les Anti-Lumières : une tradition du XVIIIe siècle à la Guerre froide » en 2006, « Ni droite ni gauche : l’idéologie fasciste en France » en 2013, « Histoire et lumières : Changer le monde par la raison » en 2014 et « L’Histoire refoulée – La Rocque, Les Croix de feu et le fascisme français » en 2019.

Zeev Sternhell et ses convictions

Insatiable et « victime de controverses, il n’a cessé d’approfondir ses travaux ». Observateur de la vie politique israélienne, il a également écrit sur elle : « Aux origines d’Israël : entre nationalisme et socialisme » en 1996. Respecté pour son engagement, Zeev Sternhell a notamment reçu deux distinctions. Il était ainsi le lauréat du prix Israël en 2008. Il a aussi été fait chevalier des Arts et Lettres en 1991. Zeev Sternhell a déclaré « je ne suis pas seulement sioniste, mais super-sioniste ». Il n’a jamais cessé de dénoncer l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza. Avec sa mort, la gauche israélienne perd l’une de ses plus grandes voix : celui qui rêvait que « les Juifs deviennent un peuple comme les autres ».