Nécrologie de Pierre Rabhi

Rabah Rabhi, devenu Pierre Rabhi, est originaire d’Algérie. Né le 29 mai 1938 à Kenadsa, il perd sa mère, emportée par la maladie de la tuberculose, alors qu’il est en bas âge. Son père le confie alors à un couple de Français.

Avec ses parents d’adoption, il quitte Kenadsa pour Oran. Il se convertit au christianisme et prend alors pour prénom de baptême : Pierre. Il travaille d’abord dans la dentisterie puis en qualité d’employé de banque. Arrivé à Paris dans les années 1960, il rencontre Michelle, avec laquelle il se mariera et aura 5 enfants. Tous deux souhaitent quitter la vie parisienne et pensent à l’agriculture. Ils s’établissent alors en Ardèche, précédant le mouvement néorural (fin des années 1960). La famille Rabhi vit au milieu des chèvres, sans électricité ni eau… Cette vie lui inspirera un ouvrage intitulé : « Vers la sobriété heureuse », vendu à plus 460 000 exemplaires.

Pierre Rabhi ne reculait devant rien pour montrer et démontrer sa résistance contre le capitalisme. Ainsi, il supprime les engrais chimiques pour favoriser l’utilisation exclusive des déchets organiques et régénérer les sols. Il met au point la fameuse méthode de culture « Rabhi », en Afrique subsaharienne. Son succès est si grand qu’il poursuit sa quête en créant le premier centre africain d’agroécologie dans les années 1980. Il devient alors une véritable icône de l’écologie : adulé par des personnalités engagées telles que Marion Cotillard ou Leonardo DiCaprio.

Pierre Rabhi est connu comme l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France. Il est très impliqué dans la « politique » de défense vigoureuse pour instaurer une société plus respectueuse des Hommes et de la Terre, tout en préservant le patrimoine nourricier.

Philosophe engagé et cofondateur du mouvement Colibris (association créée en 2007), il couche ses mots sur le papier pour assurer la bonne transmission de ses messages de paix et de bonté. Ses ouvrages font le tour du monde. Parmi les plus connus, nous pouvons citer : Du Sahara aux Cévennes ou la Reconquête du songe ; L’Offrande au crépuscule ; Vers la sobriété heureuse.

Une silhouette frêle, des bretelles et un pantalon de velours, sandales aux pieds, bouc-barbe… et un grand sourire… Pierre Rabhi laissera plus qu’une image dans les mémoires, mais aussi du savoir-faire, des messages d’amour, des mœurs de vie enracinées dans la terre et la nature grâce à son insurrection des consciences. Les messages sont nombreux pour lui rendre hommage.
« L’un des grands précurseurs de l’agroécologie s’éteint. Toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches », commente Yannick Jadot (député européen et membre du parti Europe Écologie Les Verts).
« La disparition de Pierre Rabhi est celle d’une figure emblématique du combat pour l’environnement et contre le réchauffement climatique », écrit Renaud Muselier (président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur).
« Précurseur incroyable de l’écologie, la sobriété heureuse et le colibri. Conservateur sur les questions sociétales, l’homosexualité et les femmes. Au revoir Pierre Rabhi et merci pour l’écologie. », twitte Sandrine Rousseau (membre du parti Europe Écologie Les Verts).
Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand, lui rend hommage par ces mots : « En perdant Pierre Rabhi, la vie perd un de ses plus merveilleux avocats ».