Nécrologie de Philippe Jaccottet
Décès de Philippe Jaccottet, écrivain et poète suisse
Philippe Jaccottet, son décès
Philippe Jaccottet, grand écrivain et poète suisse, est décédé dans la nuit du 23 au 24 février 2021. Il s’est éteint à Grignan, dans la Drôme, là où il résidait depuis une soixantaine d’années.
Jaccottet était l’un des poètes contemporains les plus inventifs, prolifiques et étudiés. Il fut le lauréat de plusieurs distinctions (dont le Goncourt de la poésie) et il était même entré dans La Pléiade de son vivant. Il avait 95 ans.
Philippe Jaccottet s’illustre dans la poésie, les essais et les carnets de notes.
Philippe Jaccottet, l’écriture dans l’âme
Jaccottet Philippe est né le 30 juin 1925 à Moudon, en Suisse. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse à l’écriture. C’est ainsi, qu’à ses 15 ans, il offre à ses parents ses premiers poèmes qu’il intitule Flammes Noires.
Il fait la rencontre de Gustave Roud, poète et traducteur suisse, à l’âge de 17 ans. Les deux hommes se lient d’amitié et ils entament une correspondance régulière (jusqu’à la mort de Gustave Roud en 1976). À cette période également, Philippe Jaccottet commence à faire des traductions pour son propre plaisir. Plus tard, il suit des études de lettres à l’Université de Lausanne, tout en continuant d’écrire.
À partir de 1945, ses œuvres sont publiées dans des périodiques. Il s’installe par la suite à Paris. Il travaille alors pour l’éditeur Henry-Louis Mermod, pour lequel il fait des traductions. En 1946, il fait la rencontre d’un poète italien, Giuseppe Ungaretti, dont il traduit les œuvres.
Jaccottet continue à écrire. Il publie alors des textes pour la presse dont la Nouvelle Revue de Lausanne, pour laquelle on peut compter plus de 350 articles. Grâce à son poste au sein de cette maison d’édition, il se fait connaître, à travers ses critiques littéraires, de plusieurs poètes et écrivains de sa génération. Les échanges qu’il a avec eux lui permettent de trouver sa propre voie. Son installation dans la ville de Grignan marque aussi un tournant dans son écriture. En effet, les paysages de la ville se retrouvent dans plusieurs de ses écrits.
L’écrivain s’illustre dans la poésie, les essais et les carnets de notes. Il contribue à La Nouvelle Revue de Lausanne et à la Gazette de Lausanne. Au début des années 1970, il entre dans les collections Poésie Gallimard et Poètes d’aujourd’hui. Vers la fin de la décennie, il fait partie des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l’Europe des libertés. Dans les années 2000, ses écrits sont empreints de tristesse, presque de pessimisme en raison de la perte de ses proches, mais aussi de son âge avancé. Néanmoins, on reconnait son style et Philippe Jaccottet continue d’apporter réconfort et confiance.
Philippe Jaccottet, ses œuvres marquantes
C’est au début des années 1940 que Philippe Jaccottet publie ses premiers écrits. Il s’agit d’une pièce de théâtre, Perceval, et de ses premiers poèmes, Elégie (1943-1944), Pour les ombres (1944) et Les iris (1945). Il publie, en 1945, son premier ouvrage intitulé Trois poèmes aux démons. La première traduction qu’il fait est La Mort à Venise de Thomas Mann, un écrivain allemand et lauréat du prix Nobel de Littérature en 1929.
Ses échanges avec d’autres poètes et écrivains donnent naissance à L’Effraie, un recueil de poèmes publié en 1953. C’est cet ouvrage que Philippe Jaccottet considère comme le début de de son œuvre.
Il s’attaque également à la critique littéraire de plusieurs poètes et écrivains. Ces critiques sont regroupées dans des essais : L’Entretien des Muses (1968), Une transaction secrète (1987), Écrits pour papier journal (1994)… Désireux plus que jamais d’user de mots simples pour traduire avec le plus de justesse possible ses ressentis, Philippe Jaccottet publie Semaison (1963). Cet ouvrage traduit « une esthétique de la mesure et du non-dit » (selon ses propres termes), tout comme L’Ignorant, publié en 1958.
Philippe Jaccottet fait également face à des événements douloureux, comme la mort qu’il retranscrit dans le recueil Leçons (1977), Et, néanmoins (2001) ou encore dans Ce peu de bruits (2008). Il parle également de la nature et des paysages : Cahier de verdure (1990), Paysages avec figures absentes (1997), Couleur de terre (2009). Ses carnets de notes sont également regroupés : La seconde Semaison : 1980-1994 (1996), Observations et autres notes anciennes : 1947-1962 (1998), Carnets 1995-1998 : la semaison III (2001) et Taches de soleil, ou d’ombre, Notes sauvegardées, 1952-2005 (2013).
Les dernières publications de Philippe Jaccottet, en 2021, sont La Clarté Notre-Dame et Le dernier livre de Madrigaux. Ce dernier est paru une semaine après son décès.
Philippe Jaccottet était entré dans la Bibliothèque de La Pléiade, en 2014. Un honneur qui est peu fait à des poètes de leur vivant. Il avait une place plus qu’importante dans le monde littéraire contemporain. La preuve en est que son œuvre est, après celle d’Henri Michaux, le sujet du plus grand nombre de thèses et de mémoires. Philippe Jaccottet, selon ses paroles, avait juste voulu dire une part d’essentiel.