Nécrologie de Michel Le Bris

Homme de lettres, Michel Le Bris s’est éteint des suites d’une longue maladie

Michel Le Bris

Michel Le Bris, son décès

Michel Le Bris, écrivain et essayiste français, est décédé dans la nuit 29 au 30 janvier 2021 à son domicile, à Janzé (Ille-et-Vilaine). Il était notamment connu pour avoir créé le festival malouin Étonnants voyageurs. Ses obsèques se dérouleront le 4 février 2021 à Plouezoc’h, dans le Finistère. Il avait 77 ans.

[Le festival Étonnants Voyageurs] se veut le plus gros rassemblement de lecteurs en France, après le Salon du livre de Paris.

Michel Le Bris, l’écrivain

Michel Le Bris est né le 1er février 1944 à Plougasnou, dans la baie de Morlaix, en Bretagne. Né de père inconnu, il est élevé dans une famille où les livres tiennent une place importante.

Élève brillant, il étudie la philosophie et s’inscrit également à la HEC. Il en est diplômé en 1967. La même année, il contribue au lancement du Magazine Littéraire, avec Jean-Jacques Brochier. L’année suivante, il devient rédacteur en chef de la revue Jazz Hot, qu’il dirige jusqu’en 1969. C’est en 1970 qu’il publie finalement sa première œuvre, un essai sur Lévi-Strauss, sous le pseudonyme de Pierre Cressant.

Marqué par les évènements de 1968, il intègre la Gauche Prolétarienne (GP) et devient, en 1971, le directeur du journal La Cause du peuple. À la suite d’une publication, il est incarcéré pendant 8 mois pour délit d’opinion. À sa sortie de prison, il participe au journal J’accuse. Il n’y reste cependant pas longtemps pour divergence sur la ligne éditoriale du journal. Ce journal lui sert de matrice pour La libération, qu’il cofonde en 1973 avec Jean-Paul Sartre. Il publie alors Occitanie : volem viure ! (1974) et, parallèlement, il crée et dirige la collection La France sauvage (toujours avec Jean-Paul Sartre). C’est dans cette collection On a raison de se révolter que les premiers entretiens entre Jean-Paul Sartre et Benny Lévy (alias Pierre Victor) paraissent.

En 1975, il publie Les Fous du Larzac, La France Sauvage. Puis, il devient chroniqueur pour le Nouvel Observateur, d’abord à la radio puis pour la version papier. Il publie alors plusieurs œuvres dont L’homme aux semelles vertes (1977), un ouvrage qui s’avère être, par la suite, le premier d’une série de manifestes consacrée à une « littérature aventureuse ». Le Journal du romantisme (1982) lui vaut, par ailleurs, le prix de la Société des gens de lettres.

À la suite de son voyage en Californie, il publie La porte d’or (1986). Ce voyage lui permet de découvrir un épisode peu connu de la vie de Robert Louis Stevenson. Il lui consacre de nombreuses années et ouvrages, ce qui lui vaut d’être connu comme étant le spécialiste de Robert Louis Stevenson.

Passionné de voyages, il publie en 2008 le roman La beauté du monde. Son autobiographie, Nous ne sommes pas d’ici, sort l’année suivante et son dernier ouvrage, Pour l’amour des livres, paraît en 2018.

Michel Le Bris, ses autres activités

Michel Le Bris ne se contente pas d’écrire. Il participe également à des ouvrages en qualité de directeur d’ouvrage et éditeur. Il débute sa carrière d’éditeur chez Payot avant d’aller chez Phébus, Flammarion et enfin chez Hoëbeke. Le Bris est notamment l’éditeur de Kenneth White et de Peter Schneider.

Tout au long de sa carrière, il édite plusieurs ouvrages, près d’une vingtaine sur son auteur préféré, Robert Louis Stevenson. Parmi eux, on peut citer La Route de Silverado (1987), Les Nouvelles Mille et Une Nuits (1992), Lettres du Vagabond et Lettres des mers du Sud (correspondance inédite, tome 1 et tome 2 en 1994 et 1995) ou encore Le Trafiquant d’épaves (2005). Michel Le Bris édite également d’autres œuvres critiques dont : Jean-Baptiste Labat, Voyage aux Isles : chronique aventureuse des Caraïbes ; Victor Hugo, Le Rhin et Assassins, hors la loi, brigands de grands chemins. Lorsqu’il travaille aux éditions Flammarion, il lance la revue trimestrielle Gulliver.

En 1990, il crée, à Saint-Malo, le festival Étonnants Voyageurs. Ce dernier se tient chaque année pendant le week-end de la Pentecôte. Il se veut le plus gros rassemblement de lecteurs en France, après le Salon du livre de Paris. Michel Le Bris s’attèle à le développer et c’est ainsi que le festival s’ouvre également aux expositions de photos, aux films et documentaires. Il exporte le festival à l’étranger dont, notamment, aux États-Unis (Montana), à Dublin, à Sarajevo ou encore à Bamako… Il passe le flambeau à sa fille en 2015. De 2000 à 2006, il est le directeur du centre culturel de l’abbaye de Daoulas et il y organise diverses expositions.

Passionné, Michel Le Bris n’avait jamais cessé de prôner une littérature qui met en exergue l’imagination. Il était le promoteur du manifeste Pour une littérature-monde. Reconnu pour ses œuvres et ses actions, il était fait Commandeur des Arts et des Lettres. Il était selon lui considéré à tort comme un philosophe. Mais il reste pour le monde littéraire LE spécialiste de Robert Louis Stevenson.