Nécrologie de Marcel Bluwal

Célèbre réalisateur et metteur en scène, Marcel Bluwal est décédé « paisiblement » samedi 23 octobre 2021, à Paris. Il s’était donné une mission à la fois sacrée et folle : faire en sorte que la télévision devienne accessible à tous, autant pour le divertissement que pour l’enrichissement culturel. Sa mort est une perte pour le monde du cinéma, du théâtre et de la télévision et, sans nul doute, pour tous ceux qui eurent la chance de le côtoyer.

Marcel Bluwal

Marcel Bluwal, une figure de l’âge d’or de la télévision

Marcel Bluwal est né à Paris le 25 mai 1925, de parents juifs polonais. Sa jeunesse est bouleversée par la montée de l’antisémitisme et la Seconde Guerre mondiale. Après la rafle du Vel D’Hiv, Marcel Bluwal et sa mère sont cachés pendant de longs mois par son professeur de piano. Passionné par l’art de la mise en scène des images animées, il entre à l’École technique de la photo et du cinéma après la libération de Paris. À la suite de ses études, il travaille à la télévision, qu’il ne quittera jamais sinon pour de rares réalisations cinématographiques (Le Monte-charge, Carambolages, Le Plus Beau Pays du monde).

Marcel Bluwal débute à la télévision en réalisant des émissions pour enfants. Avec sa première réalisation de film télévisée (en 1960), il remporte la palme d’Or du film de télévision au Festival de Cannes. Motivé par son désir de rendre les œuvres accessibles à tous, il devient également un pionnier de l’adaptation des chefs-d’œuvre théâtrales et de la littérature au petit écran. « Le Barbier de Séville » et « Le Misanthrope » sont ainsi des adaptations réussies. Marcel Bluwal commence à s’engager un peu plus dans le monde du théâtre dans les années 1980. Il enchaîne alors les mises en scène à succès tels que « Dom Juan revient de guerre » en 1975, « Les fausses confidences » en 1982 ou encore « À torts et à raisons » en 1999.

Entre temps, Marcel Bluwal lance le concept du feuilleton avec la série « L’inspecteur Leclerc enquête », mais le succès est mitigé. Ce sera avec « Vidocq », une série plus fantaisiste avec Claude Brasseur et Danièle Lebrun (sa deuxième épouse) qu’il parvient à séduire un grand nombre de téléspectateurs.

Motivé par son désir de rendre les œuvres accessibles à tous, il devient également un pionnier de l’adaptation des chefs-d’œuvre théâtrales et de la littérature au petit écran.

Mort de Marcel Bluwal : de nombreux hommages

Ses collaborateurs et ses amis le décrivent comme un homme fougueux et engagé dans sa passion. Réalisateur mythique, la disparition de Marcel Bluwal a touché un grand nombre de personnes et, notamment, les fervents défenseurs de la culture française. C’est avec beaucoup d’émotion que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a présenté ses « sincères condoléances » à la famille du défunt. Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, a salué ce grand homme de l’adaptation télévisée française en soignant ses mots : « Un pionnier, tellement il a ouvert de champs possibles pour la télé. Il a montré combien elle peut être très belle et très exigeante ». Son ancienne équipe de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) lui a également rendu hommage : « Merci Marcel pour votre engagement, merci au nom de tous les auteurs » ont-ils écrit sur Twitter. Son ancienne élève devenue actrice, Ariane Ascaride, a également exprimé sa tristesse : « Mon chagrin est immense, je lui souhaite un beau voyage, il a été un homme essentiel ».

Marcel Bluwal est père de 3 enfants. L’aînée, Catherine Bluwal, semble marcher non loin des pas de son père : elle est scénographe et costumière.