Nécrologie de Mady Mesplé
La cantatrice toulousaine Mady Mesplé, surnommée « la Lakmé française » est morte
Mady Mesplé
La cantatrice toulousaine Mady Mesplé, surnommée « la Lakmé française » pour sa superbe interprétation de Lakmé de Delibes, est décédée le 30 mai 2020 à Toulouse. Elle s’est illustrée dans un répertoire balayant aussi bien l’opéra, la variété et la musique contemporaine. Elle avait 89 ans.
Celle qui disait « Mon Dieu, j’ai souvent été perdue, ne sachant plus ce que je chantais ! » a été récompensée pour l’ensemble de sa carrière en recevant le grand prix de l’Académie Charles-Cros en 2011
Mady Mesplé, ses débuts
Née le 7 mars 1931 à Toulouse, Mady Mesplé découvre la musique par le biais de cours de piano à domicile que sa mère lui a offert. À 7 ans, elle intègre le Conservatoire de Toulouse où elle suit des cours de piano, de solfège, mais aussi de composition. Après avoir obtenu un premier prix de piano, elle s’engage comme pianiste et accompagne des artistes de variétés et d’orchestre de dancing.
À l’âge de 18 ans, elle retourne sur les bancs du Conservatoire de Toulouse. Cette fois-ci elle apprend le chant auprès de Mme Izar-Lasson, épouse du directeur du Théâtre du Capitole de Toulouse, et de Janine Micheau. En 1953, après avoir obtenu son premier prix de chant, elle auditionne pour la première fois à Liège. Elle obtient alors ses premiers rôles, notamment celui de « Lakmé » de Léo Delibes, un compositeur français. À ce jour, Mady Mesplé demeure une référence pour ce rôle.
Au sein de son répertoire, on peut citer « Rosine » dans « Le Barbier de Séville » et « Gilda » dans « Rigoletto ». L’artiste s’est aussi produite au théâtre de la Monnaie de Bruxelles. On se rappellera de son rôle dans « Zémire et Azor » de Grétry, au Festival d’Aix-en-Provence en 1956.
Mady Mesplé, une soprano internationale
Mady Mesplé a commencé à chanter à l’Opéra de Paris en 1956. On se souviendra notamment de son rôle, la sœur Constance, dans « Dialogues des carmélites » de Francis Poulenc et de la reprise de « Gilda » dans Rigoletto. En 1960 à l’Opéra-Comique, elle a de nouveau interprété « Lakmé ». On l’a aussi vue dans « Le barbier de Séville » et « Les contes d’Hoffmann ». Elle a activement participé à la création de « Princesse Pauline » de Henri Tomasi et du « Dernier sauvage » de Gian Carlo.
Entre temps, Mady Mesplé a aussi entamé une carrière internationale en reprenant de nouveau « Lakmé », d’abord à Miami puis dans plusieurs villes : Madrid, Barcelone, Lisbonne, Londres, Amsterdam, Vienne, Montréal, New York, Moscou, Rio de Janeiro, Tokyo…
Elle s’est, par ailleurs, illustrée dans divers répertoires français, mais aussi allemand et italien où elle a chanté sous la direction de chefs d’orchestre connus comme Georges Prêtre, Berislav Klobučar, Bernard Haitink, Pierre Dervaux ou encore Alain Lombard. Bien que mondialement reconnue comme soprano léger, Mady Mesplé, avec sa voix aux trois octaves et ses aigus qu’elle peut atteindre avec une facilité déconcertante, s’est aussi intéressée à d’autres styles de musique. C’est ainsi qu’elle s’est également imposée dans les opérettes, les variétés et la musique contemporaine que l’on peut retrouver dans sa longue discographie. Concernant ce dernier style, elle s’est illustrée dans « quatuor no 2 » que Betsy Jolas a écrit pour elle, ou dans « Quatre poèmes de Sappho » composé par Charles Chaynes.
Fervente défenseuse de l’art lyrique, on lui doit la création en langue française de « l’Élégie pour jeunes amants » (Elegie für junge Liebende) de Hans Werner Henze, en 1965. Dans les années 1980, après une trentaine d’années de carrière, Mady Mesplé décide d’abandonner petit à petit l’opéra pour ne plus se produire que dans des récitals et des concerts.
L’artiste débute aussi l’enseignement aux conservatoires nationaux de région : Lyon, Bordeaux et Saint-Maur-des-Fossés. Elle est alors Présidente d’honneur de l’Association des Pierres lyriques et défend l’art à la télé.
Victime de la maladie de Parkison diagnostiquée en 1996, elle témoigne en publiant un livre intitulé « La Voix du corps : Vivre avec la maladie de Parkinson ». Celle qui disait « Mon Dieu, j’ai souvent été perdue, ne sachant plus ce que je chantais ! » a été récompensée pour l’ensemble de sa carrière en recevant le grand prix de l’Académie Charles-Cros en 2011. Année de sortie également du coffret en édition spéciale par EMI Classics à l’occasion des 80 ans de Mady Mesplé.