Nécrologie de Juliette Gréco

Juliette Gréco, chanteuse et actrice, est décédée le 23 septembre 2020, à Ramatuelle.

Juliette Gréco

Juliette Gréco est décédée

Juliette Gréco, chanteuse et actrice emblématique, est décédée le 23 septembre 2020, dans sa maison à Ramatuelle (Var). Si la cause de son décès n’a pas été communiquée par la famille, celle-ci n’a pas hésité à dire que « sa vie fut hors du commun ». « La muse de Saint-Germain-des-Prés », comme on la surnommait, avait 93 ans.

Juliette Gréco ne se contentait pas de chanter, elle interprétait ses chansons en leur donnant vie.

La carrière de chanteuse de Juliette Gréco

Juliette Gréco est née le 7 février 1927 à Montpellier, dans l’Hérault. C’est en 1933 qu’elle arrive à Paris. En 1939, elle devient petit-rat à l’Opéra Garnier. Lorsque la guerre éclate, sa mère intègre une filière d’évasion l’obligeant à fuir. Elle se fait malheureusement arrêtée et emprisonnée. Libérée, elle est prise en charge par une amie de sa mère qui l’habille avec des vêtements dont elle disposait, ceux de garçons. Elle invente ainsi le « style Saint-Germain ».

Juliette Gréco travaille à la radio sur une émission consacrée à la poésie et se noue d’amitié avec des artistes, dont Jean-Paul Sartre. C’est dans la cave voûtée de l’établissement Le Tabou que Juliette et ses amis font de la musique et dansent. Rapidement, des curieux viennent les voir. Elle est ainsi rendue célèbre auprès des artistes et l’intelligentsia qui lui attribuent le surnom de « muse de Saint-Germain-des-Prés ».

Pour justifier cette célébrité, elle décide alors de se lancer dans la chanson. C’est ainsi qu’elle interprète, pour la première fois, la chanson « Rue des Blancs-Manteaux », écrite par Jean-Paul Sartre sur la musique de Joseph Kosma. Elle chante également Jacques Prévert et Raymond Queneau, et participe, en 1949, à la réouverture du cabaret Le Bœuf sur le toit. Juliette Gréco enrichit, petit à petit, son répertoire et chante Charles Aznavour avec le titre « Je hais les dimanches », pour lequel elle reçoit le prix de la SACEM en 1951. Elle part ensuite en tournée au Brésil et fait un premier passage à l’Olympia de Paris en 1954.

Son ami Boris Vian devient son directeur artistique et, au début des années 1960, elle interprète Jacques Brel, Léo Ferré, Guy Béart, mais aussi Serge Gainsbourg. Ce dernier est alors encore inconnu. En 1966, elle partage la scène avec Georges Brassens et inaugure, en 1968, les concerts de 18h30 au théâtre de la Ville à Paris. Puis, elle part en tournée à l’étranger. À son retour, elle sort deux albums Juliette Gréco chante Maurice Fanon (1972) et Je vous attends (1974).

Entre-temps, son pianiste Gérard Jouannest devient son compositeur attitré. Elle sort deux autres albums et son anthologie discographique en trois volumes, suivis d’un autre album Gréco 83 avec des textes écrits sur-mesure par divers auteurs dont Allain Leprest et Claude Lemesle. Par la suite, elle fait des tournées internationales et se produit sur les scènes des plus grands opéras ou théâtres d’Europe. Elle sort des albums dont un en 2013 en hommage à Jacques Brel.

Juliette Gréco met fin à sa carrière en 2016, frappée alors par un accident vasculaire cérébral, avec une tournée d’adieu intitulée Merci. Quelques-unes de ses chansons les plus célèbres sont : Chanson pour l’Auvergnat, Il n’y a plus d’après, Jolie môme, La Javanaise, Déshabillez-moi, Le temps des cerises…

Juliette Gréco, sa carrière d’actrice

Juliette Gréco est une comédienne de vocation. À sa libération, elle suit des cours d’art dramatique dispensés par Solange Sicard et décroche quelques rôles au théâtre. C’est ainsi qu’en 1946, elle obtient un rôle dans la pièce Victor ou les Enfants au pouvoir de Roger Vitrac, joué alors au théâtre de la Gaîté-Montparnasse. Elle tourne ensuite dans le film Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville (sorti en 1953).

Juliette Gréco fait la connaissance de Mel Ferrer, acteur et réalisateur américain, sur le tournage d’Elena et les hommes de Jean Renoir (1956). Il fait appel à elle depuis Mexico pour tourner pour Darryl F. Zanuck, autre réalisateur américain. C’est ainsi qu’elle se retrouve dans quelques-unes de ses productions. Elle entretient aussi avec lui une relation amoureuse houleuse. Et lorsqu’ils se séparent, la carrière américaine de Juliette Gréco s’arrête sans qu’elle n’ait jamais mis les pieds dans les studios américains.

Sollicitée par la télévision, elle joue dans le feuilleton Belphégor (1965) et connait la notoriété en tant qu’actrice. Juliette Gréco rencontre par la suite plusieurs réalisateurs.

Tout au long de sa carrière, elle joue dans une trentaine de films de grands réalisateurs dont Otto Preminger et Jean Cocteau. Elle tourne dans le film Belphégor, le fantôme du Louvre, film fantastique sorti en 2001 et inspiré du feuilleton de 1965. C’est en en 2002 qu’elle tourne pour la dernière fois dans La Dernière Fête de Jedermann, de Fritz Lehner.

Juliette Gréco ne se contentait pas de chanter, elle interprétait ses chansons en leur donnant vie. C’est l’une des raisons qui l’ont fait aimer de son public en dehors de ses textes. Elle est plusieurs fois récompensée, dont une « Victoire d’honneur » pour l’ensemble de sa carrière par les Victoires de la musique (2007). Elle était sans conteste une inoubliable interprète, qui a su marquer des générations.