Nécrologie de John Lewis

Figure emblématique du Mouvement américain des droits civiques, est mort

John Lewis

John Lewis, l'homme

John Lewis, homme politique américain et figure emblématique du Mouvement américain des droits civiques, est décédé le 17 juillet dernier à Atlanta, en Géorgie. Il est décédé des suites de sa maladie, un cancer du pancréas. Il avait 80 ans.

En 1963, il devient le dirigeant du SNCC et fait désormais partie du fameux « Big Six » avec 5 autres activistes, dont Martin Luther King

John Lewis, un militant dans l’âme

John Lewis est né le 21 février 1940 à Troy, en Alabama. Il y passe son enfance et son adolescence. Il écoute de manière régulière les sermons diffusés à l’époque à la radio du pasteur Matin Luther King, qu’il considère comme le « Moïse » des Afro-Américains. John Lewis participe également à la lutte contre la ségrégation qui a sévi aux États-Unis. Il commence alors à prendre part activement aux différents mouvements. Ces derniers ont pour but de lutter pour les droits civiques des Noirs en particulier, et ce, dès le lendemain de l’emprisonnement de Rosa Parks. Il n’a cependant pas délaissé ses études. En 1957, il est reçu à l’American Baptist Theological Seminary de Nashville, dans le Tennessee.

En 1958, John Lewis débute sa carrière de militant à la suite à des réunions animées par le révérend James Lawson, inspirées par les actions de Martin Luther King. Il s’engage ensuite dans le Mouvement américain des droits civiques et il devient membre du Student Non violent Coordinating Committee.

Sa première action officielle est sa participation à l’action « Freedom rides ». Il demande alors l’application de la décision Cour suprême, qui rendait illégale la ségrégation dans les transports publics. En 1963, il devient le dirigeant du SNCC et fait désormais partie du fameux « Big Six » avec notamment Martin Luther King. Il sera à ses côtés, le 28 août 1963, lors de la Marche sur Washington quand il prononce son discours « I have a dream ». Il participe aussi au « Bloody Sunday », le « dimanche sanglant » du 7 mars 1965. Également lors des marches de Selma Montgomery, au cours desquelles des manifestants sont victimes de violence policière.

John Lewis a d’ailleurs été victime d’une fracture du crâne. Les actions ont abouti à la promulgation du « Voting Rights Act » de 1965. Une loi qui interdit les discriminations raciales dans l’exercice du droit de vote. En 1971, il quitte le SNCC pour présider l’association « Voter Education Project » jusqu’en 1977 pour entamer une carrière politique cette fois-ci. En 2015, il célèbre main dans la main avec Barack Obama, le président des États-Unis, les 50 ans du « Bloody Sunday » sur le pont Edmund Pettus. Et malgré sa maladie, au mois de juin dernier, il est de nouveau au-devant de la scène lors de la manifestation antiraciste du mouvement « Black Lives Matter » à Washington. Quelques jours auparavant, il a déclaré « les vents soufflent, le grand changement arrive ».

John Lewis, l’homme politique

John Lewis cède la présidence du SNCC à  Vivian Malone Jones, en 1977, pour embrasser une carrière politique. Il se présente alors pour la première fois aux élections du siège du 5e district congressionnel de Géorgie mais échoue. Cependant, le président Jimmy Carter l’engage comme directeur de l’agence fédérale « ACTION » (U.S. government agency). Il est élu membre du conseil municipal d’Atlanta. Puis, il se présente de nouveau aux élections de la « Chambre des représentants des États-Unis » en tant que représentant du 5e district congressionnel de Géorgie. Il est alors élu et il occupera le poste jusqu’en 2018, systématiquement réélu. John Lewis soutient évidemment la candidature de Barack Obama lors de l’élection présidentielle.

Fervent pourfendeur de la violence, quelle que soit sa forme, et suite à la fusillade à Orlando au mois de juin 2016, John Lewis participe au sit-in de protestation contre l’inaction du gouvernement face au contrôle de la vente d’armes. Et lorsque le président actuel, Donald Trump, l’a invité pour participer à l’inauguration du « Mississippi Civil Rights Museum en 2017 », John Lewis a refusé. En effet, en 2016, il a donné une conférence à Los Angeles pour mettre en garde les jeunes militants Républicains car selon lui, les propos de Donald Trump lui rappellent ceux de George Wallace, gouverneur de l’Alabama pendant sa période de soutien de la ségrégation.

John Lewis était le plus jeune des « Big Six » et il a déclaré que Martin Luther King a changé sa vie. Quel qu’eût été son poste, il a continué la lutte pour les droits civiques des Noirs, mais toujours de façon pacifique. Il a également publié quelques écrits et est plusieurs fois récompensé. En 2011, Barack Obama lui a remis la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction américaine. A son décès, ce dernier ainsi que d’anciens présidents des Etats-Unis et que Bernice King (la fille de Martin Luther King), ont tous tenu à lui rendre hommage.