Nécrologie de Jean Raspail

Écrivain et explorateur, ce nationaliste était admiré ou détesté par les uns et par les autres

Jean Raspail

Jean Raspail, l’homme

Jean Raspail est né le 5 juillet 1925 à Chemillé-Sur-Dême, dans une famille catholique. Il a poursuivi ses études d’abord au collège Saint-Jean-de-Passy à Paris avant d’aller à l’École Roches à Verneuil-sur-Avre. Lycéen, il rêvait déjà de devenir écrivain et aurait d’ailleurs écrit son premier roman à l’époque, mais qui n’a pas été publié. En effet, il essuie de nombreuses critiques négatives de la part d’un ami académicien de son père. Il se tourne alors vers l’exploration et parcours le monde notamment pour découvrir des populations menacées par la modernité.

C’est ainsi que son premier voyage le mène sur les traces du Père Marquette, un prêtre français à qui on a attribué la découverte des sources du Mississippi.

Jean Raspail, de par ses convictions, mais surtout son écriture, a eu une grande influence sur les partis politiques des extrêmes droites

Jean Raspail, ses œuvres majeures

Pendant les 20 premières années de sa carrière, Jean Raspail se tourne surtout vers des romans d’aventures s’inspirant notamment de ses périples autour du monde. On peut citer parmi eux « Terre de Feu – Alaska » (1952), « Terres et Peuples Incas » (1955) et Pêcheurs de lunes (1990).

De sa passion pour la Patagonie sont nés plusieurs romans, notamment « Le Jeu du roi » (1976) et « Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie » édité en 1981. C’est avec ce dernier que Jean Raspail se voit décerner le Grand prix du roman de l’Académie Française. « Qui se souvient des hommes » édité en 1986 a obtenu plusieurs prix : Prix Chateaubriand, Prix du Livre Inter, Prix Charles Oulmont et prix Gutenberg. « Adios, Tierra del Fuego » édité en 2001 obtient alors le grand prix Jean-Giono.

De son âme royaliste, il écrit entre autres « Le roi au-delà de la Mer » et « Sire » édité en 1991 et qui reçoit le Grand prix du roman de la ville de Paris et le prix Alfred de Vigny. Ses romans « L’anneau du pêcheur » (1995) et « Les sept cavaliers » (1993) reçoivent respectivement le Prix Maison de la presse, Prix Prince-Pierre-de Monaco, et Prix Renaissance des lettres. Tous les deux inspirés de son intérêt pour les personnages historiques.

Tout comme « Hurrah Zara » (1998) qui lui permet d’obtenir le grand prix littéraire Jacques-Audiberti de la Ville d’Antibes, nouvellement édité en 2019 sous le titre « Les Pikkendorff ». « Les royaumes de Borée » (2003) obtient le Prix Jules-Vernes de l’académie de Bretagne et est adapté en bande dessinée.

Jean Raspail, sa vision

De 1951 à 1952, il rallie en voiture la Terre de Feu à l’Alaska. En 1954, il dirige également une expédition française sur les traces des Incas. Passionné par la Patagonie, Jean Raspail s’autoproclame « consul général », ultime représentant du royaume d’Orélie-Antoine Ier, en 1981. Il nie être d’extrême droite, car « homme libre jamais inféodé à aucun parti » tout en affirmant haut et fort qu’il est contre le « métissage », car « attaché à l’identité et au terroir » et « royaliste ».

En 2000, Jean Raspail postule à l’Académie Française pour être élu au siège vacant de Jean Guitto, mais il n’obtient pas la majorité requise pour ce faire, bien que l’Académie lui a décerné plusieurs récompenses dont le prix Jean-Walter pour l’ensemble de son œuvre en 1970. Il est alors membre de l’association « Les écrivains de marine » et au comité d’honneur du « Cercle national Jeanne d’Arc » qui est affilié au Front National.

Jean Raspail n’hésite pas à critiquer la politique d’immigration menée par la France en publiant une tribune intitulée « La patrie trahie par la République » dans « Le figaro ». Ce qui, en 2004, lui vaut un procès pour « provocation pour haine raciale », mais Jean Raspail a été finalement relaxé.

Jean Raspail, ses influences

En tant que catholique, il écrit en 2019 « La miséricorde ». Mais Jean Raspail s’est surtout fait connaître pour « Le camp des saints » (1973) plusieurs fois réédités depuis sa sortie et considéré comme un « roman culte » pour la mouvance nationaliste qui raconte l’arrivée massive d’immigrants sur les côtes du sud de la France. Jean Raspail, de par ses convictions, mais surtout son écriture, a eu une grande influence sur les partis politiques des extrêmes droites. Quelles que fussent sa position et ses opinions, il n’était pas boudé par le lectorat et il aura marqué de toutes les façons la littérature française.