Nécrologie de Jean-Pierre Elkabbach

Jean-Pierre Elkabbach, de son vrai nom Haïm Jean-Pierre El Kabbach, est né le 29 septembre 1937 à Oran (Algérie). Il y passe son enfance et son adolescence. Après son baccalauréat, il vient à Paris afin de poursuivre ses études à l’institut français de presse et à la faculté de lettres de l’université de Paris. Il valide même une année à l’institut d’études politiques de Paris.

Sa carrière de journaliste débute à la radio dans les années 1960. D’abord pris en stage, il devient ensuite correspondant de la RTF, opérant à Oran, Alger et Constantine. Puis nommé à Paris, il travaille alors à l’ORTF jusqu’en 1968. En 1970, il présente le journal de la Une puis d’Antenne 2. Sa carrière est marquée par les rebondissements, passant de la radio à la télévision et inversement. France Inter et Europe 1 pour la radio, France Télévisions ou La Cinq pour le petit écran, Jean-Pierre Elkabbach est un journaliste et patron de chaînes indissociable de l’univers audiovisuel français.

Tous les présidents de la République française depuis Valéry Giscard d’Estaing mais aussi Yasser Arafat, Mikhaïl Gorbatchev, Nelson Mandela, Bill Clinton ou encore Vladimir Poutine… les plus grandes personnalités politiques ont été interviewées par Jean-Pierre Elkabbach. Parmi ses invités qui ont marqué le public : Georges Marchais. De cette interview, beaucoup ont retenu la formule « taisez-vous Elkabbach ! », jamais prononcée par le secrétaire général du PCF mais inventée par des humoristes de l’époque.

Le journaliste « roi de l’interview » s’est rendu célèbre par son style pugnace et ses phrases chocs. Par exemple « Vous n’avez pas honte ? », punchline lancée à Marine Le Pen pour ne pas avoir participé à la manifestation de soutien à Charlie Hebdo après l’attentat. « Quelle couleur vous préférez pour le mur ? » avait-il également demandé à André Vallini (secrétaire d’État) avant de poursuivre avec « Le mur sur lequel votre réforme territoriale va se fracasser ».

Journalistes, chefs d’État et autres personnalités ou anonymes, dès l’annonce de son décès les messages d’hommage furent nombreux.

Gérald Brice-Viret (directeur général du groupe Canal+) a posté quelques mots sur le réseau social X : « Jean-Pierre n’est plus. Ma tristesse est infinie. Je perds un ami. La France, un journaliste brillant ».

L’actuelle ministre de la Culture a écrit sur son compte X : « Avec sa voix mélodieuse, son style inimitable, ses interviews percutantes, Jean-Pierre Elkabbach était un journaliste exigeant, un dirigeant de chaînes passionné. Pendant plus de 50 ans, il a donné une saveur particulière à l’actualité. Les Français perdent un précieux compagnon. ».

Nicolas Sarkozy a également réagi à l’annonce : « Tristesse de voir partir ce soir un grand du journalisme. Passionné de politique, boulimique d’information, intervieweur pugnace et sans concession, directeur de médias exigeant et visionnaire, il a marqué de son empreinte toute une génération. ».

Fabien Roussel (patron du PCF) salue pour sa part « un compagnon de route de la Ve République qui aura marqué l’histoire médiatique de notre pays. Ses échanges mythiques avec Georges Marchais resteront gravés. J’ai apprécié, à mon tour, ses interviews, toujours respectueuses. ».