Nécrologie de Jean-Luc Godard

Jean-Luc Godard est né le 3 décembre 1930 à Paris. Fils d’un père médecin et d’une mère issue d’une famille riche, il grandit dans un milieu privilégié, entre Paris et la Suisse. Après la guerre et l’obtention de son diplôme du collège à Nyon, ses parents l’envoient à Paris pour passer le baccalauréat. Il se désintéresse des études et échoue par deux fois au baccalauréat. Il fréquente alors la Cinémathèque de Paris et les ciné-clubs. Il rédige même son premier scénario l’année du Bac, Aline. À partir de 1949, il commence à publier des critiques de cinéma, d’abord dans la Gazette du cinéma, puis dans Les Cahiers du cinéma. Il côtoie alors des personnes qui partagent sa passion pour le cinéma à l’instar de François Truffaut, Éric Rohmer ou Claude Chabrol.

En 1954, Jean-Luc Godard réalise un premier documentaire avec son ami Jean-Pierre Laubscher. « Opération béton » s’intéresse à la construction du barrage de la Grande-Dixence. Il tourne ensuite un court métrage en 1957, « Tous les garçons s’appellent Patrick ou Charlotte et Véronique ». Celui-ci sera diffusé au cinéma l’année suivante.

Jean-Luc Godard rompt avec les méthodes de réalisation traditionnelle en tournant caméra à l’épaule et dans des décors naturels. Il réalise ainsi son premier long métrage en 1960 : « À bout de souffle », avec au casting Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg. Ce film connaît un succès incommensurable et devient un des films fondateurs de la Nouvelle Vague avec le Beau Serge (1958) ou Les Quatre cents coups (1959) de Truffaut.

Réalisateur prolifique, Godard enchaîne les tournages. Nous pouvons citer notamment : Le Petit Soldat (1960), Une femme est une femme (1961), Le Mépris (1963), Pierrot le Fou (1965), La Chinoise (1967), Le Gai savoir (1968), Tout va bien (1972), Numéro deux (1975), Je vous salue, Marie (1985), Hélas pour moi (1993), Éloge de l’amour (2001), Adieu au langage (2014)… Il compte plus d’une centaine de films.

Jean-Luc Godard obtient de nombreuses récompenses au fil de sa carrière : neuf films en sélection officielle à Cannes, six pour le Lion d’Or. Et de nombreuses participations au festival de Berlin (la Berlinale). En 1987 et 1988, il obtient un César d’honneur – le premier pour l’ensemble de sa carrière et le second pour son œuvre. En 2010, la cérémonie des Oscars récompense l’ensemble de sa carrière en lui octroyant un Oscar d’honneur. Il refusera même l’ordre national du Mérite, déclarant : « Je n’aime pas recevoir d’ordre, et je n’ai aucun mérite ».

En France et à l’international, dès l’annonce du décès de Jean-Luc Godard, les hommages se multiplient.

En Suisse, le conseiller fédéral en charge de la culture Alain Berset a réagi sur Twitter : « la Suisse perd l’un de ses plus grands cinéastes. Ses œuvres ont inspiré des générations de réalisateurs dans le monde entier, son héritage et son influence immenses marqueront l’histoire ».

Aux États-Unis, l’actrice Lena Dunham lui a rendu hommage en ces termes : « Vous avez filmé les choses qui nous ont fait flirter avec de nouveaux royaumes et vous allez nous manquer ». Antonio Banderas le remercie d’avoir « repoussé les frontières du cinéma ».

Le Président Emmanuel Macron salue la mémoire du réalisateur : « Jean-Luc Godard, le plus iconoclaste des cinéastes de la Nouvelle Vague, avait inventé un art résolument moderne, intensément libre. Nous perdons un trésor national, un regard de génie ».
Brigitte Bardot a réagi sur Twitter : « Et Godard créa le Mépris et c’est à bout de souffle qu’il a rejoint le firmament des derniers grands créateurs d’étoiles ».
Alain Delon a confié : « Merci, Jean-Luc, pour les beaux souvenirs que tu nous as laissés ».