Nécrologie de Jean-Claude Mézières

Jean-Claude Mézières est né le 23 septembre 1938 à Paris. Sa carrière semble toute tracée : toute sa famille avait, en effet, le goût des arts (aquarelle, peinture, dessin). Petit, il apprend à dessiner. En 1952, lors du Salon de l’enfance, Le Figaro édite un journal à destination des jeunes et réaliser par les jeunes ; Jean-Claude Mézières fait partie du groupe de personnes sélectionnés pour cela. En 1953, il entreprend des études d’arts appliqués. En 1955, le journal Cœurs vaillants accepte trois planches (Bill le shérif, M. Babouin et Mic). Encouragé par ce premier succès, il imagine sa première histoire à suivre, Les 13 marches, une série de 16 planches en noir et blanc publiée dans Fripounet et Marisette. La carrière de Jean-Claude Mézières est lancée !

Le dessinateur publie sans discontinuer des illustrations et des planches. Deux planches seront ainsi publiées dans le journal de Spirou. Il intègre les éditions Fleurus en tant que dessinateur de bande dessinée. Après son service militaire, Jean-Claude Mézières travaille pour les studios Hachette. Dans les années 1965, il part aux États-Unis. Il laisse plusieurs témoignages de cette période de sa vie dont une histoire en 8 planches publiée dans le magazine Pilote, Mon Amérique à moi, ou encore une histoire en 6 planches réalisée sur un scénario de Linus et Pierre Christin, Le Rhum du Punch.

De retour en France, Jean-Claude Mézières rencontre Goscinny, alors rédacteur en chef de Pilote. Il obtient une place de dessinateur pour le magazine. Il enchaîne alors de multiples travaux pour Pilote : une histoire en 3 planches La vengeance du pharaon ; une histoire de 28 planches L’extraordinaire et troublante aventure de M. Auguste Faust.

Jean-Claude Mézières et Pierre Christin entreprennent de créer une série de science-fiction : c’est la naissance de Valérian. En novembre 1967, le magazine Pilote publie la toute première aventure de l’agent spatiotemporel. Le héros du XXVIIIe siècle voyage dans le temps avec pour mission de lutter contre les crimes spatiotemporels. Pour féminiser l’histoire, Jean-Claude Mézières donne naissance à la fabuleuse Laureline.

La collaboration de Jean-Claude Mézières et Pierre Christin donne naissance à une saga de 25 albums. La BD Valérian est rebaptisée Valérian et Laureline en 2007 à l’occasion des quarante ans de la BD. La série Valérian et Laureline est plusieurs fois distingués et Jean-Claude Mézières récompensé pour l’ensemble de son œuvre : Grand prix de la ville d’Angoulême (1984), Eléphant d’or du 37e festival international de la bande dessinée de Chambéry (2013) ou encore Grand Prix Saint-Michel (2018).

Le talent de Jean-Claude Mézières se retrouve également au cinéma. Il collabore ainsi à plusieurs projets. En 1984, le metteur en scène Jeremy Kagan lui demande de faire des esquisses de décors pour l’adaptation du roman La nuit des temps. Malheureusement, le film ne se fait pas faute de crédits. En octobre 1985, la même mésaventure se répète alors que le réalisateur Peter Fleischmann le contacte pour une production de science-fiction. Des difficultés de budget bloquent là encore le projet.

Au début des années 1990, Luc Besson propose à Jean-Claude Mézières de collaborer à la création des décors du film culte Le Cinquième Élément. Il crée notamment les taxis volants du film. Puis, vingt ans plus tard, Luc Besson adapte la bande dessinée Valérian et Laureline au cinéma. Le film Valérian et la cité des mille planètes est malheureusement un échec à la fois critique et commercial.

Fans de tous les temps, nouveaux lecteurs, auteurs, anciens collaborateurs et personnalités diverses reconnaissent avoir perdu une étoile. Des messages de compassion et de regret viennent saluer le pionnier de la BD franco-belge.

Enrico Marini, créateur de la série historique Le Scorpion avec Stephen Desberg, a tweeté « RIP Mézières… Merci pour m’avoir fait rêver et pour les belles rencontres ».

Xavier Gorce, dessinateur de presse, se souvient de lui comme étant « un des plus grands » « Il m’a emmené sur 1000 planètes graphiques. Une page du dessin se tourne. Mais on peut les tourner encore et encore… ».

Mézières est décrit comme un « auteur à l’imaginaire fulgurant » et « un pan majeur de la culture française qui s’en va, avec une influence mondiale » par le directeur de la Cité de la BD à Angoulême, Pierre Lungheretti.

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