Nécrologie de Jacques Rozier
Le cinéaste Jacques Rozier, figure de la Nouvelle Vague, est décédé à l’hôpital ce vendredi 2 juin 2023. Il avait 96 ans.
La Cinémathèque française lui a rendu hommage sur Twitter avec ces quelques mots : « Des cinéastes de la Nouvelle Vague, Rozier est celui qui divague. Celui qui aime que tout aille de travers, pour mieux alimenter son sens très particulier de la dramaturgie : entrelacer l'art du chassé-croisé avec les itinéraires obliques de la course au trésor… ».
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Une carrière bien préparée
Né le 10 novembre 1926, Jacques Rozier a passé toute son enfance dans le 17e arrondissement de Paris, dans le quartier des Batignolles. À 22 ans, il intègre l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Il débute sa carrière à la télévision en tant qu’assistant de réalisateurs comme Claude Loursais, Stellio Lorenzi et Marcel Bluwal. Il effectue, par la suite, un stage auprès de Jean Renoir sur le tournage du film « French Cancan ».
Jacques Rozier réalise son premier court-métrage « Rentrée des classes » en 1955. Celui-ci peut être considéré comme la première œuvre de la Nouvelle Vague. Il fait la rencontre de Jean-Luc Godard aux Journées internationales du court métrage à Tours (1958) alors qu’il y présente « Blue Jeans ». Critique de cinéma, Godard le fait connaître par son article « Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours. ». Bleu Jeans est diffusé au cinéma un an plus tard. C’est par cette relation que Jacques Rozier travaille ensuite avec Georges de Beauregard pour sortir « Adieu Phillipine », son tout premier long métrage à succès. Reconnu par les critiques comme étant « le plus beau portrait de la France du début des années 60. », ce long métrage est tout de suite classé parmi les films emblématiques de la Nouvelle Vague. Il reçoit également de belles critiques avec « Maine Océan ». À noter, la diffusion du remake du film a connu plus de 135 000 entrées en France, en 2007.
Outre l’appréciation du public pour sa méthode de réalisation rigoureuse et pratique, reflétant toujours le néoréalisme, Jacques Rozier a conquis le cœur des amoureux du cinéma. Il a reçu des récompenses dont le Prix Jean-Vigo en 1986 pour « Maine Océan », le Prix René Clair pour toute son œuvre (1997) et la récompense Carrosse d’or en 2002, toujours pour l’ensemble de son travail.
Des hommages sur les réseaux sociaux…
À l’annonce de son décès, des milliers de fans et des personnalités ont rendu hommage à Jacques Rozier. Michèle Berson, partenaire de travail du défunt pendant une quinzaine d’années, a salué sa mémoire en exprimant que c'était un cinéaste indépendant, libre (…) sans scénario préconçu à l'avance et qui avait une capacité à « restituer le présent ».
À rappeler que de son vivant, Jean-Luc Godard a déjà confirmé la grandeur de cette âme du cinéma français, surtout pour la Nouvelle Vague : « quand Agnès Varda est morte, j'ai pensé : la vraie Nouvelle Vague, on n'est plus que deux. Moi et (…) Jacques Rozier qui a commencé un peu avant moi ».