Nécrologie de Hector

« le Chopin du twist » est décédé dans sa maison à Pont-L'Abbé suite à un cancer.

Hector

Hector

Hector, chanteur de rock français des années 1960, est décédé d’un cancer le 19 février 2020, dans sa maison à Pont-L’Abbé (Bretagne). Connu pour son sens de la provocation et ses chansons, il était surnommé le « Chopin du twist ». Il avait 74 ans.

C’est cette extravagance, mais aussi ses cheveux longs et touffus qui lui ont valu son surnom de « Chopin du Twist ».

Hector et les Médiators

De son nom de naissance Jean-Pierre Kalfon, Hector est né le 20 octobre 1946 à Paris. C’est dans les années 1960, alors âgé d’une quinzaine d’années, qu’il crée son groupe avec des amis du lycée Voltaire. Il lui donne le nom de « Hector et les Médiators ». Il s’agit d’un quintette composé de Marc Schleich à la guitare, Serge Mosiniak à la basse, Gilbert Kravetz à la guitare rythmique et William Roudil à la batterie. Hector en est le lead vocal.

À l’époque déjà, Hector se démarque des autres chanteurs de rock francophone. En effet, il est toujours dans la démesure. Sur scène, il se produit habillé d’un costume queue-de-pie surmonté d’une cape, un chapeau haut de forme dont il ne se défait plus, des gants blancs et un bouchon de lavabo en guise de collier. Ainsi déguisé, il se déplace dans un cercueil, une baignoire ou une chaise à porteurs et toujours accompagné de son fidèle valet Jérôme. Celui-ci lui apporte de l’eau, lui essuie le visage et lui lave les pieds. Il est capable d’abîmer un piano sur scène. C’est cette extravagance, mais aussi ses cheveux longs et touffus qui lui ont valu son surnom de « Chopin du Twist ».

Repéré par le label Philips, le groupe enregistre un premier EP pour extended play, format musical plus long que celui d’un single. Il sort en avril 1963. Voulant profiter de leur notoriété avec leur swing redoutable, le label sort un deuxième album dans la foulée. Sur celui-ci figurent les titres « Je vous déteste », « Tu n’es pas du quartier », « Peggy Sue » ou encore « Whole Lotta Shakin’ Goin’ On ». Un troisième sort avant que le groupe ne se sépare en 1964.

Hector, sa carrière solo

Fort de sa notoriété avec Les Médiators, Hector continue sa carrière en solo. L’année de sa séparation avec le quintette, il sort un album, sous le label Ducretet Thomson. Deux reprises des chansons de son idole Screamin Jay Hawkins y figurent, intitulées « Alligator » et « Hong-Kong ». Hector travaille en collaboration avec Jean Yanne et Gérard Sire. Ils contribuent à écrire une partie de ses chansons. Des textes qui le mènent dans un univers proche de la provocation et de la satire. Hector se permet également, sur scène, d’interpréter, ou plutôt de parodier, Sheila ou Claude François.

Le style musical d’Hector s’inspire du rythm’n’blues, du blues et du rock francophone. Le chanteur se produit à l’Olympia, en première partie des « Animals ». Fidèle à lui-même, toujours dans la provocation, il se fait accompagner sur scène de quatre poules et de deux canards pour, selon lui, « être dans le ton ». En 1966, il est produit par le label Polydor. Il sort un quatrième album : « Abab l’arabe ». Puis, il quitte la France pour le Canada où il gère la carrière de divers artistes avant de revenir sur Paris (1970) pour devenir directeur artistique chez Barclay, puis chez Pathé Marconi. Entre-temps, il enregistre avec « Tom et Jerry » le SP « Le petit Beaujolais / La société ». Hector joue également dans des comédies. « Gomina », film dans lequel il tient 7 rôles à la fois en 1973, puis dans « Mariage » en 1975.

Extravagant et dans la provocation aussi bien sur scène que dans la vie, Hector est celui qui a osé se faire cuire un œuf sur la flamme du Soldat inconnu. Même s’il ne faisait pas figure de référence du rock français, il était à coup sûr l’une des plus provocatrices. Ses obsèques ont eu lieu le 21 février 2020, au cimetière de Pantin.