Nécrologie de François Mitterrand

François Mitterrand, quatrième président de la V^e République, est décédé le 8 janvier 1996, à Paris. Il détient le record de longévité à la présidence de la République française. Sa mort fait suite à un cancer de la prostate diagnostiqué dès 1981 et longtemps tenu secret. Il avait 79 ans.

De son nom de naissance François Maurice Adrien Marie Mitterrand, François Mitterrand est né le 26 octobre 1916, à Jarnac. Issu d’une famille bourgeoise catholique fortunée et conservatrice, il poursuit ses études secondaires en tant que pensionnaire au collège privé Saint-Paul d’Angoulême. Après avoir obtenu son baccalauréat, il entame alors des études de lettres et de droit à Paris. Il obtient sa licence en lettres en 1936. Et il sort diplômé de l’École libre des sciences politiques en 1937.

Son premier engagement politique, Mitterrand le fait en intégrant le mouvement de jeunesse de la droite nationaliste, les Volontaires nationaux, dès 1934. Il manifeste contre l’invasion métèque et la nomination de Gaston Jèze comme conseiller juridique du Négus d’Éthiopie. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé sur la ligne Maginot. Il y est fait prisonnier par les Allemands. Il arrive à s’évader en décembre 1941 et devient, en 1942, un contractuel du gouvernement Vichy. François Mitterrand s’occupe essentiellement des différents centres d’entraides des prisonniers de guerre. Il met en place la base du réseau Résistance. Il fonde, avec Maurice Pinot, le RNPG (Rassemblement national des prisonniers de guerre). Sa collaboration avec Vichy prend fin lors de sa rencontre avec Philippe Dechartre, un gaulliste. Pour se constituer une couverture, il accepte d’être décoré de l’ordre de la Francisque par le maréchal Pétain.

En novembre 1943, devenu clandestin, François Mitterrand se rend en Algérie. Il y rencontre le Général de Gaulle, qui va le soutenir dans ses actions. De retour en France, il participe à la libération de Paris. Il est ensuite élu président du MRPGD (Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés). En 1946, François Mitterrand adhère à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR). Mais, c’est sous l’étiquette du Rassemblement des gauches républicaines qu’il est élu député de la Nièvre. Dès 1947, il occupe des places ministérielles. Il est nommé plusieurs fois ministre avec différents portefeuilles. En 1949, il est élu conseiller général de la Nièvre, dans le canton de Montsauche-les-Settons (il occupera ce poste jusqu’en 1979).

En 1958, François Mitterrand s’oppose à la présidence du Général de Gaulle. Il perd alors sa place de député, qu’il retrouve dès 1962. Entre-temps, en 1959, il est élu maire de Château-Chinon et, un mois plus tard, sénateur de la Nièvre.

François Mitterrand se porte candidat à la présidentielle en 1965. Mais il perd contre le Général. Il se présente une deuxième fois en tant que candidat de la gauche unie, le Parti Socialiste, dont il en est le premier secrétaire (1974). François Mitterrand est finalement élu en 1981 et réélu en 1988. Au cours de ses deux septennats, le président a apporté de nombreux changements attendus dont des réformes sociales, l’extension et le renforcement des libertés locales et de la liberté d’expression, la modernisation du Code pénal, l’abolition de la peine de mort… Il a également laissé des monuments comme l’Arche de la Défense, le Grand Louvre, la Bibliothèque nationale qui porte son nom, etc.

François Mitterrand est connu pour être un amoureux de la littérature. Il est adepte d’éditions rares. Selon certains journalistes, il est un écrivain frustré, qui aurait pu vivre de sa passion s’il avait échoué en politique. Il compte d’ailleurs parmi ses amis et ses conseillers des écrivains.

Même s’il est pris par ses fonctions politiques, le président est tout de même l’auteur de nombreux ouvrages, une vingtaine au moins. Le premier qu’il a écrit s’intitule « Pluie amie », édité en 1939, et suivi de « Premier accord » (1940). Il écrit également beaucoup sur la politique et la guerre en général. On lui doit « Les Prisonniers de guerre devant la politique » (1945), « Aux frontières de l’Union française » (1953), « Présence française et abandon » (1957), « La Chine au défi » (1961), « Le Coup d’État permanent, Les débats de notre temps » (1964), « Un socialisme du possible » et « La Convention des institutions républicaines : François Mitterrand et le socialisme » (1971), « L’Homme, les Idées, le Programme » (1974), « Politique I » (1977) et « Politique II » (1981).

François Mitterrand écrit également des essais. Certains ont une connotation autobiographique : « Mémoire à deux voix » (1995), « De l’Allemagne, de la France » et « Mémoires interrompus » (1996), « Les forces de l’esprit » (œuvre posthume éditée en 1998). Ont également été éditées ses entretiens dans « Ici et maintenant » (1980). En 2006, sa maîtresse Anne Pingeot a édité les lettres et poèmes que François Mitterrand lui a écrit dans un livre intitulé « François Mitterrand, Lettres à Anne (1962-1995) ».

François Mitterrand est également l’auteur de nombreuses préfaces et des ouvrages d’autres auteurs lui sont consacrés. Les cinéastes s’intéressent également à lui. De nombreux films sont sortis sur le personnage. On peut citer notamment : « L’Opération Corned-Beef » de Jean-Marie Poiré sorti en 1991, « La Paille et le grain : Chronique » en 1992. On peut voir François Mitterrand jouer son propre rôle dans « Lumière et Compagnie » sorti en 1995. Après son décès, d’autres cinéastes continuent de s’inspirer de lui et des faits passés sous sa présidence pour en faire un script. Le dernier en date, sorti en 2000, est un téléfilm intitulé « Le Chapeau de Mitterrand ».

François Mitterrand est récipiendaire de plusieurs décorations nationales et étrangères. Il était sans aucun doute l’un des présidents français dont les mandats ont laissé des empreintes indélébiles. Ses obsèques ont eu lieu à Jarnac en Charente, le 11 janvier 1996 où une messe privée a eu lieu et où il est inhumé dans le caveau familial.