Nécrologie de Christo

Le décès de l’artiste-plasticien, Christo, connu pour ses œuvres gigantesques et éphémères

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Le décès de l’artiste-plasticien, Christo, connu pour ses œuvres gigantesques et éphémères d’emballement de monuments est survenu le 31 mai 2020 à son domicile à New-York. Selon l’annonce faite par ses collaborateurs, il est décédé d’une mort naturelle. Il avait 84 ans.

D’abord incompris et critiqué par leurs pairs, mais aussi par les médias, le couple Christo a fini par conquérir le monde avec leur art qui consistait à emballer des lieux, des bâtiments, des monuments, des parcs et des paysages, ou encore à étendre des toiles sur des surfaces impressionnantes.

Christo, ses débuts

Christo est né le 13 juin 1935 à Gabrovo en Bulgarie. Son nom de naissance d’origine bulgare était Vladimiroff Javacheff. Dès sa plus tendre enfance, il a été en contact avec l’art. En effet, jusqu’en 1931, sa mère était secrétaire de l’Académie des beaux-arts de Sofia. Et dès ses 6 ans, Christo a commencé à faire des portraits de femmes de son village. En 1953, à l’âge de 18 ans, il intègre l’école des Beaux-Arts de Sofia où il a étudié la peinture, la sculpture et l’architecture jusqu’en 1956.

C’est à lui que le pouvoir en place confie l’aménagement des abords du train Orient-Express pour attirer les touristes occidentaux. Mais en raison de son idéologie, opposée à celle du régime de l’époque et qu’il a souvent affichée sur ses toiles, il n’a pu obtenir son diplôme réservé aux partisans.

Christo quitte le pays pour s’installer d’abord à Venise, puis à Paris. Il va alors vivre de ses portraits à l’huile, signés de son nom Javacheff. Il côtoie le groupe d’artistes de « Nouveaux réalistes » et sort ses premières œuvres composées de peintures abstraites et des empaquetages d’objets (bouteilles, bidons, cartons, tables, etc.) ou encore de modèles vivants dans de la toile ou du plastique.

Christo fait la rencontre de sa femme Jeanne-Claude, elle-même plasticienne spécialisée dans l’environnement, lors de la livraison du portrait de sa mère. Elle va aussi devenir sa collaboratrice dès 1958, notamment en organisant la réalisation de ses œuvres. Néanmoins, leurs œuvres dont ils sont co-créateurs sont signées Christo.

Christo, ses œuvres

Le couple Christo et Jeanne-Claude avait pour objectif de rendre populaire son art en créant des objets conçus pour des sites extérieurs spécifiques. En effet, personne ne pouvait acheter, posséder et encore moins commercialiser ses œuvres, mais tout le monde pouvait en profiter. D’abord incompris et critiqué par leurs pairs, mais aussi par les médias, le couple Christo a fini par conquérir le monde avec leur art qui consistait à emballer des lieux, des bâtiments, des monuments, des parcs et des paysages, ou encore à étendre des toiles sur des surfaces impressionnantes.

La première œuvre qui a fait parler de Christo est le « Iron curtain » : un mur de barils de pétrole qu’il a érigé dans la rue Visconti à Paris en 1962 en dépit de l’interdiction de la mairie. Un mur qui avait pour but de bloquer la rue pendant 8 heures et faits de 240 barils sur une hauteur de plus de 4 mètres pour signifier sa révolte contre la construction du mur de Berlin en 1961.

Plus tard, le « Valley curtain » et « The Gates » consistait en de sorte de rideaux géants de couleur orange safran. Le premier réalisé en 1972 était fait de tissu nylon de 13000 m2 sur 351 m de large. Le second installé à travers le Central Park à New York en 2005, consistait en 7500 portiques tendus de vinyle, espacés de 4 m sur un parcours de 37 km.

Le « Running Fence », en Californie, dont la réalisation a coïncidé avec la mort de Mao Tsé-Toung en 1976, évoquait la muraille de Chine avec ses 40 km de ruban de toile de nylon blanche de 200 000 mètres carrés. Une œuvre qui a fait 5,5 m de haut sur 39,5 km de long évoquait une barrière artificielle reliant la terre à la mer et au ciel. En encerclant les 11 îles de la baie de Biscayne qui servaient surtout de décharges à ordures, à Miami, d’une ceinture rose fuchsia de 64 ha de tissu en 1983, il a complètement changé le paysage et a eu un impact sur le plan touristique et artistique.

En France, il emballera, en 1985, le Pont neuf avec 40876 m2 de toile de polyamide couleur « pierre de Paris ». Par cette œuvre, il le dépouillera ainsi momentanément de son histoire et de son ancienneté pour en faire une architecture moderne et aérodynamique.

L’une de ses œuvres intitulée le « Parasol bridge », en 1991, qui consistait à créer un pont symbolique entre le Japon et la Californie en implantant plus de 3000 parasols géants jaunes et bleus de 6 m de haut pour 8,66 m de diamètre sera à l’origine d’un décès accidentel. En 1995 il décide de procéder à « l’emballement du Reichtag » à Berlin avec 100.000 m2 de tissu argenté.

Enfin, dernièrement, en 2016, il crée « The floating piers », un projet sur le lac Iseo en Italie composé de plateformes flottantes recouvertes de tissu qui ont permis de relier le village de Sulzano à l’île de Monte Isola et celle de San Paolo, et à des millions de personnes de marcher sur l’eau. Christo aura marqué les esprits et révolutionné l’art avec ses œuvres éphémères qui n’auront duré que 2 semaines tout au plus et qui ont toutes nécessité des années de préparations et de tractations.

Une exposition posthume, dernier projet de sa femme Jeanne-Claude décédée en 2009, devrait avoir lieu à l’automne 2021 : Ce dernier projet qui devait se tenir au mois d’avril 2020 avait été repoussé en raison de la pandémie de COVID-19. Il s’agira d’emballer l’Arc de Triomphe, place de l’Etoile à Paris.