Nécrologie de Christian Boltanski
Mort de l’artiste plasticien Christian Boltanski
Christian Boltanski, son décès
Christian Boltanski, artiste plasticien français, est décédé le 14 juillet 2021 à Paris. Il est mort des suites d’un cancer. S’il était surtout connu pour ses installations éphémères, lui-même se définissait comme peintre. Polyvalent, il était aussi photographe, écrivain, sculpteur et cinéaste. Christian Boltanski était l’un des artistes contemporains les plus connus. Il avait 76 ans.
Reconnu par le monde de l’art, Christian Boltanski n’a de cesse de faire de ses œuvres un devoir de mémoire et de transmission.
Christian Boltanski, de ses débuts d'artiste à la renommée
Christian Boltanski est né le 6 septembre 1944 à Paris. Il s’est découvert une vocation d’artiste dès son adolescence. En effet, c’est en 1958, alors âgé de 14 ans, qu’il commence à peindre sans formation artistique. C’est d’ailleurs ainsi qu’il se définit même s’il abandonne ce support dès 1967. À savoir, ses œuvres sont marquées par un côté sombre et macabre ; elles se veulent être une mémoire de l’histoire. En effet, étant juif et ayant vécu la guerre, il se définit comme un enfant de la Shoah. Et selon lui, l’art lui donne « la force d’exister ».
Très vite, il se détourne de la peinture pour s’adonner à l’écriture par le biais de lettres ou de dossiers envoyés à des personnalités artistiques. Il commence également à faire des installations. Sa première exposition a lieu en 1968, au théâtre Ranelagh à Paris. Elle est faite de marionnettes grossières, grandeur nature, et d’un film qu’il intitule La vie impossible. L’année suivante, il publie son premier livre, Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance, 1944-1950.
Entre 1969 et 1971, Christian Boltanski réalise une série de films courts en se mettant en scène dans des dispositifs grotesques. En 1972, il est exposé par Harald Szeemann à la galerie Documenta de Kassel, mais son nom reste inconnu du grand public. Il lui faut attendre plus de 10 ans pour enfin participer à de grandes expositions (à Beaubourg ou aux États-Unis). Il y présente des œuvres faites d’une multitude de matériaux et d’objets mis savamment en scène. Depuis la mort de son père (1984), ses œuvres sont l’expression d’un parcours sombre. La même année, il acquiert enfin la reconnaissance du monde de l’art avec une exposition rétrospective au Musée national d’art moderne.
Christian Boltanski, le devoir de mémoire et de transmission
Enfin reconnu par le monde de l’art, Christian Boltanski n’a de cesse de faire de ses œuvres un devoir de mémoire et de transmission (toujours en lien avec son histoire personnelle). Quel que soit le support utilisé (photos ou vidéos), il met en exergue l’absence des disparus et symbolisent le vide.
Christian Boltanski a cette particularité de pouvoir reconstituer, à partir d’objets hétéroclites (vêtements, photos, bougies, cartons ondulés, luminaires, livres, objets trouvés, pâte à modeler, etc.), des instants de vie. Par ailleurs, on retrouve dans ses œuvres éphémères le thème de la mort, de l’enfance et de l’inconscience. On retient parmi elles Reserve (1990), une installation présentée dans une pièce aux murs blancs pour présenter l’horreur de la guerre ; installation au Museo per la Memoria di Ustica à Bologne (2007) et dédiée aux victimes de la tragédie d’Ustica autour des éléments du DC-9 reconstitué et des objets personnels des victimes. Il crée également des installations permanentes comme Les Archives du cœur sur l’île de Teshima au Japon et Les Dernières Années de CB sur l’île de Tasmanie (Australie).
Considéré par ses pairs comme l’un des principaux artistes contemporains français, il travaille pour l’école nationale des beaux-arts de Paris. Il publie son autobiographie en 1984 qu’il résume ainsi : « 1958. Il peint, il veut faire de l’art. 1968. Il n’achète plus de revues d’art moderne, il a un choc, il fait de la photographie, blanche et noire, tragique, humaine… ».
Christian Boltanski était reconnu pour son travail. Il était considéré comme un artiste de renom. Plusieurs fois récompensé, il avait reçu le Prix de Gaulle-Adenauer (en 2009). Sa dernière exposition « Christian Boltanski : Faire son temps » avait eu lieu au Centre Pompidou. Toute sa vie, Christian Boltanski avait fait de l’histoire commune et de son histoire personnelle un art.