Nécrologie de Bertrand Tavernier

Bertrand Tavernier, cinéaste français, est décédé le 25 mars 2021, à Sainte-Maxime dans le Var. La cause de son décès n’a pas été communiquée par son épouse et ses enfants, qui ont exprimé leur douleur et leur tristesse sur les réseaux sociaux. Plusieurs fois récompensé, Bertrand Tavernier était également le président de l’Institut Lumière. Il avait 79 ans.

Bernard Tavernier est né le 25 avril 1941 à Lyon. Son père, René Tavernier, est écrivain et fondateur de la revue Confluences. C’est ainsi que Bernard Tavernier découvre de grands auteurs, dont les poètes Paul Éluard et Louis Aragon qu’il côtoie. Atteint de tuberculose, il est soigné dans un sanatorium où il découvre pour la première fois le cinéma. Une fois son baccalauréat en poche, il entame des études de droit à la Sorbonne. Passionné de cinéma, il fonde, avec d’autres étudiants, une revue sur le cinéma, l’Étrave, et un ciné-club, le Nickel Odéon, pour promouvoir des films boudés par le public. Pour gagner sa vie, il fait des piges pour Télérama et il devient, par la suite, critique de cinéma. Il travaille alors avec plusieurs revues. Il est également attaché de presse à plein temps, de 1964 à 1974, notamment pour Stanley Kubrick. Toujours au cours des années 1960, il est l’un des premiers à interviewer des réalisateurs étrangers et à analyser leur filmographie en thématique. Il est aussi celui qui, grâce à sa programmation dans son ciné-club, permet de faire connaître des réalisateurs moins connus. En collaboration avec Jean-Pierre Coursodon, il écrit deux ouvrages qui sont considérés comme des références pour le cinéma : 30 ans de cinéma américain (1970) et 50 ans de cinéma américain (1991 et réédition 1995). Puis, en 1993, il édite Amis américains : entretiens avec les grands auteurs d’Hollywood. En 2011, il publie en collaboration avec Noel Simsolo, Le Cinéma dans le sang. En 2016, il réalise un documentaire, Voyage à travers le cinéma français. Ce documentaire permet alors de redécouvrir des chefs-d’œuvre oubliés et il donne lieu à une série de documentaires d’une durée totale de 12 heures. Bernard Tavernier projette de publier une troisième édition de 50 ans de cinéma américain, qui sortira en 2021 sous le titre de 100 ans de cinéma américain.

Bertrand Tavernier fait ses débuts au cinéma en tant qu’assistant de Jean-Pierre Melville, pour le film Léon Morin, prêtre. C’est seulement en 1974 qu’il signe son premier long-métrage. Il s’agit de L’Horloger de Saint-Paul, qui lui vaut sa première récompense : le prix Louis-Delluc. Il confie le premier rôle à Philippe Noiret avec qui il va travailler sur plusieurs autres films. Ce qui différencie Bertrand Tavernier des autres réalisateurs et producteurs de cinéma, c’est qu’il a à cœur de redonner sa chance à une narration passée à la trappe à la fin des années 1950, ainsi qu’à des scénaristes et dialoguistes oubliés. Humaniste et épris de justice, il est aussi connu pour ses films qui traitent de la pauvreté, du racisme, de la peine de mort ou encore des problématiques de la société contemporaine (drogue, violence, délinquance…). Parmi la trentaine de films qu’il réalise, certains sont plutôt nostalgiques, plus apaisés et traitent du temps qui passe. Tout au long de sa carrière, il a reçu de nombreux prix : César du meilleur réalisateur en 1976 pour Que la fête commence, nomination aux Oscars en 1983 pour Coup de torchon, prix de la mise en scène à Cannes en 1984 pour Un dimanche à la campagne, BAFTA en 1990 du meilleur film étranger pour La vie et rien d’autre, Ours d’Or en 1995 à Berlin pour L’Appât et Lion d’Or à Venise pour l’ensemble de sa carrière. Son engagement contre la misère et les souffrances lui vaut d’être nommé directeur de l’Institut Lumière. Il est à noter qu’il réalise également des téléfilms et il n’oublie pas pour autant sa passion pour la plume. En effet, Bertrand Tavernier est également scénariste et dialoguiste. Il a à son actif une trentaine de scénarii et il apparait également en tant qu’acteur dans quelques films.

Bertrand Tavernier avait pour ambition de réhabiliter le western. Il avait passé ses dernières années à restaurer et à conserver de vieux films. Éclectique, il avait abordé différents thèmes dans ses films. Reconnu aussi bien en France qu’à l’étranger, il avait remporté un Oscar pour son film Autour de minuit et une nomination au Golden Globes. Avec son départ, le monde du cinéma perd ainsi l’un de ses plus grands réalisateurs.