Nécrologie de Bernard Debré

Bernard Debré, ancien ministre et député français, est décédé le 13 septembre 2020

Bernard Debré

Bernard Debré est mort

Bernard Debré, ancien ministre et député français, est décédé le 13 septembre 2020 des suites d’un cancer. Il était également urologue, un éminent professeur en médecine. Un parcours de vie que l’on pourrait qualifier de « tout tracé » lorsque l’on porte ce nom illustre. Il avait 75 ans.

Ce qui est certain, c’est que le professeur Bernard Debré ne cesse de secouer les consciences et les pratiques de la médecine en France

Bernard Debré, médecin rebelle, mais humaniste

Bernard Debré est né le 30 septembre 1944 à Toulouse. Il est le petit-fils du pédiatre Robert Debré, pédiatre et fondateur de l’UNICEF. Ainsi, c’est presque tout naturellement qu’il se décide à entamer des études de médecine et à s’orienter en urologie. Il deviendra le chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin, à Paris. Il est également un professeur d’université.

Bernard Debré est un médecin au grand cœur qui n’hésite pas à faire de la médecine humanitaire, entraînant son équipe avec lui. C’est ainsi qu’il va de pays en pays pour opérer bénévolement : Côte d’Ivoire, Mauritanie, Afghanistan, Pakistan… Il participe également à la mise au point de la thérapie génique.

Rebelle également, il alerte l’opinion publique sur les pratiques de la médecine en France. Il se veut réformateur du système de santé. Il n’hésite donc pas à donner de son temps pour des débats télévisés. Véritable homme d’action, Bernard Debré participe ainsi à des débats télévisés pour parler de la santé publique. Selon l’opinion, il part en « croisades » notamment pour dénoncer l’usage « intempestif » des psychotropes et des antibiotiques, pour le contrôle des médicaments en général, le dépistage du cancer ou encore pour lutter contre les stupéfiants.

Bernard Debré est également l’auteur de nombreux ouvrages en rapport avec sa vision de la médecine : « La France malade de sa santé », « Le Voleur de vie (La Bataille du Sida) », « Le Suicide de la France », « Avertissement aux malades, aux médecins et aux élus », « Nous t’avons tant aimé. L’euthanasie, l’impossible loi »… L’un de ses ouvrages, « Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », coécrit avec son ami et confrère pneumologue Philippe Even, leur a d’ailleurs valu un blâme de l’Ordre des médecins. Mais cela ne les arrête pas et, en 2018, ils partent en croisade contre l’usage des antidépresseurs, « Dépressions, antidépresseurs, psychotropes et drogues ».

Bernard Debré affirme que 80% des dépressions sont « élevées de façon délibérée au rang de maladies ». Ce qui est certain, c’est que le professeur ne cesse de secouer les consciences et les pratiques de la médecine en France. Il est membre de la Société française de chirurgie, des sociétés française, européenne et internationale d’urologie.

Bernard Debré, son parcours politique

Bernard Debré est le fils de Michel Debré, premier ministre du général de Gaulle. Ce dernier a rédigé la Constitution de la Ve République et est le fondateur de l’ENA. Il est également le frère de Jean-Louis Debré, ancien président de l’Assemblée nationale, puis du Conseil constitutionnel.

En 1986, Bernard Debré se lance lui aussi en politique. Il est d’abord conseiller municipal d’Ambroise (de 1989 à 1992) avant d’en devenir le maire (de 1992 à 2001). Puis, il se présente aux élections législatives. Il est élu député de l’Indre-et-Loire entre 1986 et 1994. Alors inscrit au groupe du Rassemblement pour la République (RPR), il siège aux côtés de son père, député de La Réunion.

Entre-temps, Debré devient membre du Conseil général d’Indre-et-Loire en tant que vice-président (de 1992 à 1994). Il est également réélu maire d’Ambroise pour la seconde fois et le restera jusqu’en 2001. C’est au cours de ce second mandat qu’il est nommé ministre de la Coopération sous le gouvernement d’Édouard Balladur, du 12 novembre 1994 au 18 mai 1995. Il se présente de nouveau aux élections et est élu conseiller à la 15e circonscription de Paris. Il est, à l’époque, sans parti politique et c’est, à la suite de sa deuxième réélection en 2008, qu’il adhère à l’UMP. En 2012, il est candidat à la mairie du 17e arrondissement de Paris, mais après accord avec la maire sortante, il est finalement réélu conseiller de Paris.

De la même manière qu’il agite le monde médical, Bernard Debré le fait également dans le monde politique. Il est un agitateur d’idées au franc-parler. Il n’hésite pas à caricaturer les excès et les compromissions politiques dans ses livres : « L’Illusion humanitaire », « La Véritable Histoire des génocides rwandais », « Le Suicide de la France »…

Bernard Debré menait deux combats de fronts au sein du monde médical et du monde politique. Rebelle dans l’âme ou plutôt libre et engagé, il était aussi profondément humaniste. Plusieurs pays dans lesquels il a mené des actions humanitaires, l’ont fait Commandeur ou Grand officier dans l’ordre national en reconnaissance de ses actions. La France, elle, l’a élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur. Le milieu médical et politique rendent hommage à son fervent engagement.