Nécrologie de Benoit XVI

Benoit XVI, 265e pape l’église catholique, est décédé le 31 décembre 2022, à l’âge de 95 ans. Il fut le premier pape à avoir renoncé volontairement à sa charge. Son corps doit être exposé au Vatican dès le 2 janvier 2023, avant ses funérailles présidées par l’actuel pape François.

Benoit XVI

Benoit XVI, de la prêtrise à la fonction papale

Benoit XVI, de son nom de naissance Joseph Aloisius Ratzinger, est né le 16 avril 1927 à Marktl, en Allemagne. Il tient sa foi de son père, un fervent pratiquant catholique antinazi. Au collège, il apprend le latin, le grec, l'histoire et la littérature. Il n’a que 14 ans lorsqu’il est enrôlé de force dans la jeunesse hitlérienne et, à 16 ans, il participe malgré lui à la Seconde Guerre mondiale, sous les ordres de la légion autrichienne. Il est fait prisonnier de guerre et libéré le 19 juin 1945. Il entame immédiatement sa formation de prêtre et se spécialise dans l’étude de la Bible et de la liturgie. C’est le cardinal Michael von Faulhaber qui l’ordonne prêtre en 1951.

Joseph Ratzinger officie alors pendant un an à la paroisse du Précieux Sang (Munich), avant d’être nommé professeur au séminaire de Freising. Il poursuit ses études et devient docteur en théologie (1953). Il est nommé maître de conférences à l'université de Munich (1957) et professeur en dogmatique et théologie fondamentale à l'École supérieure de Freising (1958). Entre 1959 et 1966, Joseph Ratzinger est professeur titulaire de théologie fondamentale à l'université de Bonn, puis il enseigne la théologie dogmatique et l'histoire des dogmes à l'université de Münster.

Entre-temps, il est le conseiller du cardinal-archevêque de Cologne, Joseph Frings, alors concile œcuménique du Vatican. Il enseigne ensuite à l’université Eberhard Karl de Tübingen, jusqu’en 1969, date à laquelle il devient professeur titulaire à l'université de Ratisbonne, puis vice-président. En 1970, Joseph Ratzinger signe la pétition pour la réforme de la règle de discipline qui oblige les prêtres au célibat. En 1972, il fonde, avec d’autres théologiens, la revue théologique Communio. En 1977, le Pape Paul Vl le nomme successivement archevêque de Munich et Freising et cardinal-prêtre de Santa Maria Consolatrice al Tiburtino. Il participe au conclave d'août 1978 pour l’élection du pape Jean-Paul Ier qui, en 1981, le nomme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, président de la Commission biblique pontificale et de la Commission théologique internationale. Il renonce l’année suivante à ses fonctions pastorales au sein de l’archidiocèse de Munich et Freising. C’est durant son mandat de préfet qu’est élaborée l’encyclique Veritatis Splendor, un texte théologique d’enseignements. Ce dernier est vivement critiqué pour les répressions perpétrées sur des théologiens catholiques durant son mandat. Ce qui lui vaut d’être considéré comme un conservateur, un ennemi de la créativité et de l’ouverture. Il est aussi accusé de participer à la culture de la discrétion sur les affaires d’abus sexuels des prêtres sur mineurs, qui éclatent dans les années 1980. Pourtant, il demande l’enquête sur deux cardinaux, en 1995 et 1998. Au fur et à mesure, Joseph Ratzinger est de plus en plus considéré comme un conservateur du fait de ses différentes prises de position. En tant que doyen du collège des cardinaux, il officie lors des funérailles du pape Jean-Paul II, en avril 2005.

Il renonce à ses fonctions pontificales pour des raisons de santé le 11 février 2013.

Benoit XVI, son pontificat et l’après pontificat

Joseph Ratzinger est élu le 265e pape, par le conclave du 19 avril 2005, sous le nom de Benoit XVI. Il fait sa première apparition publique et sa première allocution en tant que tel le jour même, mais la messe d’inauguration de son pontificat est célébrée le 24 avril 2005. Il procède à des modifications sur l’organisation du Vatican. Ainsi, en 2006 assiste-t-on à un retour en arrière pour une majorité au 2/3 des voix des cardinaux réunis en conclave pour élire un pape. En 2012, il crée de nouveaux cardinaux, faisant ainsi passer le nombre des cardinaux électeurs de 120, nombre fixé par le pape Paul VI, à 125. Il reforme également les dicastères en renouvelant leurs responsabilités et en en créant de nouveau comme le conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation (2010). Il promeut d’anciens collaborateurs au sein de la congrégation pour la doctrine de la foi. Ces promotions sont considérées comme une prise de pouvoir des traditionalistes et des intransigeants. Il est le premier pape qui féminise la hiérarchie de l’Église catholique en nommant la sœur Nicoletta Vittoria Spezzati sous-secrétaire de la commission des ordres religieux. Au mois de novembre 2005, Benoit XVI entérine le texte sur l’homosexualité. Ainsi, tout séminariste passe dorénavant par une enquête, réalisée par l’autorité de la hiérarchie, en vue de déterminer son orientation sexuelle ou son éventuel soutien à la culture gay. Benoit XVI différencie également l’homosexualité et la pédophilie, déclarant que les abus sexuels sur des mineurs (dont est entachée l’Église catholique) n’ont rien à voir avec la première. Il est cependant intransigeant sur ces affaires et fait même montre de compassion envers les victimes : il les rencontre donc au cours de quelques-uns de ces voyages et au sein même du Vatican jusqu’à déclarer « un pédophile ne peut pas être prête ». Il rend publique la Lettre pastorale aux catholiques irlandais, relative à cette problématique. Et lors de son voyage au Portugal (2010), il affirme sa position sur l’importance et la nécessité de la justice pour les victimes. Le pape Benoît XVI publie quatre exhortations publiques au cours de son pontificat : Sacramentum Caritarisen (2007), Verbum Domini en (2008), Africaemunus (2010) et Ecclesia in Medio Oriente (2012). Il prend l’initiative de débuter le procès de béatification du pape Jean-Paul II sans attendre le délai de 5 ans après le décès, comme requis par le droit de l’Église. Il perpétue les Journées Mondiales de la Jeunesse en y apportant des nouveautés comme l’adoration eucharistique (2005), et la confession sacramentelle (2011). Il publie des encycliques (lettre destinée aux évêques et parfois aux fidèles) : Deus Caritas Est (Dieu est Amour) en 2006, Spe Salvi (Sauvés par l'Espérance) en 2007, Caritas in Veritate (L'amour dans la Vérité) en 2009.

Pour se rapprocher de l’Église orthodoxe, Benoit XVI renonce à son titre de patron de l’Occident, le 1er mars 2006. Il signe, en 2009, la constitution apostolique Anglicanorum Coetibus, qui permet à des institutions et groupes anglicans d’intégrer l'Église catholique romaine. Il reçoit le 14e Dalaï-Lama en octobre 2006. Son pontificat voit l’instauration de dialogues avec les musulmans, avec la création d’un forum permanent de dialogue catholico-musulman dont la première session s’est tenue en novembre 2008. Benoît XVI est aussi connu pour ses prises de position concernant les problèmes d'écologie et d'environnement. Il renonce à ses fonctions pontificales pour des raisons de santé le 11 février 2013 et devient, le 28 février, « Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite ». Il vit alors au monastère Mater Ecclesiae, situé dans les jardins de la Cité-État du Vatican.

Comme tous ses prédécesseurs, Benoît XVI avait effectué des visites aussi bien à l’étranger qu’en Italie. Il avait effectué, en octobre 2012, son dernier voyage officiel de son pontificat à Lorette, pour le 50e anniversaire du voyage de Jean XXIII dans cette ville. Il avait co-conduit la messe de canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II avec le pape François. Il était l’auteur de plusieurs livres dont, Dernières conversations, publié en 2016. Il détenait le record de longévité des papes contemporains depuis le mois de septembre 2020.