Nécrologie de Annie Cordy

Annie Cordy, chanteuse et comédienne, est décédée le 4 septembre 2020

Annie Cordy

Annie Cordy, sa vie

Annie Cordy, chanteuse et comédienne, est décédée le 4 septembre 2020 à Vallauris près de Cannes selon l’annonce faite par ses proches. Elle est morte des suites d’une attaque cardiaque. Connue pour ses chansons populaires et très festives, elle avait plus de soixante-dix ans de carrière. Elle avait 92 ans.

Annie Cordy est sans conteste une figure emblématique de la chanson française

Annie Cordy et la scène

De son nom de naissance Léonia Juliana Cooreman, Annie Cordy est née le 16 juin 1928 à Laeken à Bruxelles. La scène, elle la connaît dès son plus jeune âge. En effet, sa mère l’inscrit à un cours de danse. Elle apprend également le piano et le solfège tout en poursuivant ses études. Annie Cordy participe à des galas de bienfaisance et interprète les succès du moment. Elle participe également à des radio-crochets et des concours.

Dès l’âge de 18 ans, Annie Cordy obtient un contrat de meneuse de revue dans un cabaret réputé de Bruxelles, au Bœuf sur le toit. Par ailleurs, elle enregistre ses premiers 78-tours et fait des reprises dès ses 20 ans. Remarquée par le directeur artistique du Lido, celui-ci la convainc d’y travailler. En 1950, Annie Cordy quitte alors Bruxelles pour devenir meneuse de revue du Lido. C’est à cette date qu’elle prend alors son pseudonyme.

À partir de 1952, Annie Cordy fait son entrée dans l’opérette auprès de Bourvil, « La Route fleurie ». Elle débute également à cette époque sa carrière de chanteuse. Ses premières chansons connaissent immédiatement le succès (Les trois bandits de Napoli, Bonbons Caramels, La ballade de Davy Crockett…). Artiste de music-hall, elle se produit en vedette sur des scènes mythiques comme Bobino, Olympia. En 1955, elle reçoit même le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros pour sa chanson « Oh Bessie ». L’année suivante, elle chante pour les fiançailles de Grace Kelly et de Rainer III de Monaco. En 1957, elle revient à l’opérette avec « Tête de linotte » et enchaîne avec Luis Mariano sur « Visa pour l’amour », et Bourvil ensuite pour « Ouah, ouah ». Elle crée par la suite « Pic et Pioche » et « Indien vaut mieux que deux tu l’auras ». En 1965, pour sa rentrée parisienne, elle présente « Annie Cordy en deux actes et 32 tableaux », un show où chacune de ses chansons est présentée avec une mise en scène, des ballets et des costumes différents.

Entre-temps, la chanteuse devient comédienne et elle joue dans des pièces de théâtre. Elle rencontre notamment le succès dans « Madame Sans-Gêne » et « Madame de Sévigné ». Elle n’oublie cependant pas la chanson et celles qu’elle enregistre tout au long de sa carrière connaissent le succès : « Hello le soleil brille », « Salade de fruits », « La bonne du curé », « Nini la chance », « Envoyez la musique», « Señorita Raspa », « Tata Yoyo », « Cho Ka Ka O », « Les Enfants de la Terre », etc.

En 2000, Annie Cordy participe au concert des « Enfoirés ». À partir de 2008, elle participe aux saisons 3, 6 et 8 de la tournée « Âge tendre et tête de bois ». C’est, en 2012, qu’elle sort un dernier album de chansons originales : « Ça me plaît… Pourvu que ça vous plaise », suivi d’une tournée en 2013 : « Cordy et ses Gus ».

En tout, Annie Cordy a participé à près de 10 000 galas. Elle a également un répertoire de près de 700 chansons.

Annie Cordy et la caméra

Artiste aux multiples talents, Annie Cordy est une comédienne à qui le cinéma et la télévision ont fait appel. Sa carrière au cinéma débute en 1953, dans un film de Sacha Guitry intitulé « Si Versailles m’était conté… ». Il s’en suit le film « Poisson d’avril », dans lequel elle joue auprès de Bourvil et de Louis de Funès. L’année suivante, c’est avec Salvador qu’elle joue dans « Bonjour sourire ». Elle connait également le succès avec « Chanteur de Mexico » avec Luis Mariano et Bourvil.

Malgré son personnage solaire, Annie Cordy s’illustre aussi dans le registre dramatique. C’est le cas dans « Le Passager de la pluie » (1969) et le « Le Chat » (1951) avec Jean Gabin et Simone Signoret. Elle obtient un Award de la meilleure comédienne en 1973 pour son rôle dans « Rue haute ». Par la suite, Annie Cordy tourne dans plusieurs films populaires dont « Elle court, elle court la banlieue » sorti en 1973 et « La Vengeance d’une blonde » sorti en 1994. En 2008, elle joue dans « Disco » avec Frank Dubosc et « Le crime est notre affaire » une adaptation du roman « Le train de 16h50 » d’Agatha Christie. Elle effectue également des doublages voix dans des dessins animés dont « Pocahontas » en 1995 et « Frère des ours » en 2003.

À partir de 2010, Annie Cordy décide de se consacrer entièrement au cinéma. Elle tient le rôle principal dans le film de Jean-Paul Rouve intitulé « Les souvenirs », sorti en 2015. Elle joue auprès de Catherine Deneuve dans « Le cancre », film projeté au Festival de Cannes en 2016. Annie Cordy a ainsi joué dans près de quarante films.

À la télé, Annie Cordy est sollicitée pour tenir des rôles récurrents. Elle tient ainsi le premier rôle, dans les années 1980, dans « Madame S.O.S. ». C’est auprès de Charles Aznavour qu’elle tourne dans « Baldipata », « Sans cérémonie », « Baldi et Tini » et « Passage du bac ». En 2003 et 2005, elle tourne « Fabien Cosma » et « Le Tuteur » avec Roland Magdane. On la voir également dans « Scènes de ménage », « France 2, y’a pas d’âge » et « Chefs ». Une carrière télévisée marquée par une trentaine de séries télévisées et téléfilms. Mais ce n’est qu’à l’âge de 91 ans qu’Annie Cordy reçoit le prix d’interprétation au festival international « Entr’2 Marches » pour sa performance dans le court métrage « Les Jouvencelles » de Delphine Corrard.

Touche à tout, Annie Cordy a également été présentatrice télé : « Annie sur la 2 » en 1971, « Chansons à la carte » en 1977 et 1978, et « Anagram » en 1981. Elle est régulièrement invitée sur les plateaux de télévision des Carpentier, de Danièle Gilbert ou de Michel Drucker. On la verra également dans « Les enfants de la télé », « La méthode Cauet », « Le plus grand cabaret du monde », « Morning live », « Touche pas à mon poste »… Stephan Bern lui a consacré deux émissions : « Tous vos amis sont là » en 2010 et « C’est votre vie » en 2015. Annie Cordy est sans conteste une figure emblématique de la chanson française.

Celle qui a été naturalisée française n’a jamais renié son origine belge et la revendique même en affirmant haut et fort « la France est mon pays et la Belgique ma patrie ». Très appréciée et respectée en Belgique, elle a été anoblie « Baronne » en 2005. Le parc de Laeken à Bruxelles, inauguré en 2018, porte même le nom de « parc Annie Cordy » en hommage à leur ambassadrice. Elle est partie, mais ce qui est certain, c’est que ses chansons entraînantes résonneront encore longtemps.